Relativement épargnés par rapport à leurs concitoyens des autres wilayas limitrophes, les Constantinois découvrent depuis quelques jours les méfaits de la crise des liquidités qui secoue depuis plusieurs mois la majorité du pays À Constantine, les usagers de la poste commencent depuis une semaine à sentir les effets de la crise. Hier, il était 6h30 quand nous sommes arrivés devant le bureau de poste de Daksi en face du nouveau siège de la wilaya. Une dizaine de personnes, la majorité d'un certain âge, faisait déjà la queue devant le portail fermé et le distributeur à l'arrêt alors que le thermomètre affichait 0°. Certains, comme Aami Ahmed, un retraité, sont ici depuis 5h et tout laisse croire que la file va se renforcer dans les prochaines minutes car nous sommes dans la dernière décade du mois, soit la période qui coïncide avec l'échéance de paiement de la majorité des salaires et des rentes. Plus loin, au centre-ville, à 10h, au niveau de la Grande poste, qui fait face à la place de la Brèche, des centaines de personnes attendent depuis la levée du jour, et même avant, leur tour pour passer au front-desk et toucher leur salaire. Par le truchement des effets de la contagion, cette crise des liquidités s'est étendue à certaines agences bancaires de la ville. Toutefois, le phénomène est mieux maîtrisé car le portefeuille des clients des banques est nettement inférieur à celui de la Poste où le manque de liquidités est vite résorbé, souvent durant la journée-même. Les responsables des agences bancaires et des bureaux de poste de la place constantinoise, contactés pas nos soins, ne font que confirmer ce que tout le monde savait déjà, à savoir que la gestion de la masse des liquidités relève de la Banque centrale. Toutefois, pour eux, on assiste à un phénomène nouveau, soit une crise qui s'importe ou s'exporte d'une wilaya à une autre. “La tension sur les liquidités, constatée ces derniers temps à Constantine, est un phénomène intrinsèque, certes, mais aussi importé de certaines wilayas limitrophes qui, elles, connaissent réellement cette crise depuis une année déjà. Au moins une opération sur trois, traitées par les bureaux de poste de Constantine, concerne des comptes domiciliés hors wilaya”, remarque un préposé au guichet de la Grande poste.