Le président tchadien, Idriss Deby Itno, a affirmé, dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique à paraître lundi, qu'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) avait profité du soulèvement en Libye pour s'emparer de missiles sol-air. «Ce qui m'inquiète, c'est ce qui se passe aujourd'hui en Libye et les risques d'implosion de ce pays», a déclaré le président tchadien. «Les islamistes d'Al-Qaîda ont profité du pillage des arsenaux en zone rebelle pour s'approvisionner en armes, y compris en missiles sol-air, qui ont été par la suite exfiltrés dans leurs sanctuaires du Ténéré (Nord du Niger, ndlr)», a-t-il ajouté. «C'est très grave. Aqmi est en passe de devenir une véritable armée, la mieux équipée de la région», a-t-il estimé, assurant qu'il était certain «à 100%» de ses affirmations. Le président tchadien considère qu'il y a «une part de vérité» dans les déclarations du dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi qui a dit à plusieurs reprises, qu'Aqmi manipulait les insurgés. «Il y a, dans ce qu'il dit, une part de vérité. Jusqu'à quel point? Je l'ignore. Mais je suis certain qu'Aqmi a pris une part active au soulèvement», a-t-il indiqué. Après des années de tensions graves avec la Libye du colonel El Gueddafi, avec qui le Tchad a été en guerre dans les années 1980, Idriss Deby entretient désormais de très bonnes relations avec son voisin. Le dirigeant tchadien a qualifié de «décision hâtive» l'intervention militaire lancée samedi dernier par une coalition internationale menée par la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Elle «peut avoir de lourdes conséquences en matière de déstabilisation régionale et de dissémination du terrorisme en Europe, en Méditerranée et en Afrique», a-t-il regretté. Idriss Deby a, par ailleurs, démenti les information selon lesquelles des mercenaires tchadiens participeraient aux combats aux côtés des forces régulières libyennes. «Il n'existe aucune filière, officielle ou officieuse, de recrutement de mercenaires pour la Libye. Cela dit, plusieurs centaines de milliers de Tchadiens vivent en Libye, certains depuis longtemps, intégrés à la société de ce pays. Il n'est donc pas exclu qu'une poignée d'entre eux aient pu, d'une manière ou d'une autre, participer aux combats à titre individuel», a-t-il dit.