«Un fanatique de liberté articulé sous différentes facettes», tel est qualifié cet homme dont une rétrospective de son oeuvre est présentée jusqu'au 2 avril. Dans le cadre de l'exposition «Mario Vargas Llosa, la liberté et la vie» qui se tient au Mama, l'Instituto Cervantes d'Alger, en collaboration avec l'Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel), a organisé, dimanche dernier, une conférence animée par Eduardo Becerra professeur titulaire de littérature hispano-américaine à l'université autonome de Madrid, sous le thème «Présence de Vargas Llosa dans la narrative hispano-américaine actuelle». Il s'agissait d'apporter un ample éclaircissement sur le riche parcours de cet homme ayant embrassé différents domaines en «jouant à tous les niveaux». Lauréat 2010 du prix Nobel de littérature, auteur de romans remarquables essentiellement, il a écrit aussi des essais et quelques pièces de théâtre. Mario Vargas Llosa est traduit dans 33 langues dont l'arabe. Il a reçu de nombreux prix et distinctions de premier plan. Son univers culturel riche et foisonnant donne à voir un regard neuf sur les écrivains des pays du Sud. Né en mars 1936 à Arequipa, au sud du Pérou, dans une famille aristocratique qui lui a conféré le titre de marquis, cependant, très tôt, le jeune Mario s'est éloigné du luxe et des honneurs de sa naissance, développant son esprit indépendant et rebelle vers le monde de l'écriture. Inscrit à l'Académie militaire de Lima, à l'âge de 14 ans, en vue d'une carrière prestigieuse d'officier, il vivra cette expérience comme un traumatisme et quittera vite cette institution. Cet épisode marquant de son existence l'enracinera dans ses choix éthiques et se traduira par le roman La Ville et les chiens (1963) qui le distingue déjà comme un écrivain affirmé. Il étudie la littérature à l'université de Lima puis à Madrid, où il obtient son doctorat. Entre-temps, il travaille comme correcteur de presse, critique de cinéma, animateur de radio...tout en poursuivant ses projets littéraires. A Paris, où il s'est installé, sa réputation s'impose dans le monde. Il devient une des signatures prestigieuses du mouvement littéraire contemporain d'Amérique latine. En marge de son oeuvre littéraire, il s'est toujours intéressé à la politique. Militant communiste à l'université, il rompt avec son parti à cause de la vision stalinienne de la culture. Quand la Révolution cubaine débute, il la soutient fortement, mais en est déçu. Il opte alors pour le libéralisme et en 1990, après avoir créé le mouvement Libertad, il se présente en son nom à l'élection présidentielle. Battu au deuxième tour, il s'installe en Espagne et prend la double nationalité. Au-delà de ses expériences politiques, Mario Vargas Llosa est avant tout un écrivain majeur de notre époque. Il est un autre écrivain de l'Amérique latine, outre Gabriel García Márquez, prix Nobel de littérature en 1982 à recevoir ce sacre. La tante khoulia, Conversation à la cathédrale et La ville des chiens sont les trois livres préférés de notre conférencier Eduardo Becerra qui soutiendra avoir tout de même une nette préférence pour la première oeuvre, à lire absolument, selon lui. Roman complexe dit-il qui traduit ce rapport «d'amour et de haine qu'entretient l'écrivain entre la génération du boom littéraire des années 1960 et celle qui va suivre». Ce roman nous apprend -on a «permis à l'écrivain de gagner en popularité tout en reconsidérant la notion de littérature de consommation sans se détacher d'une description réalisé du moi profond de l'être humain, et de son environnement politique et historique, avec humour et symbolisme». Il en prend aussi comme exemple le roman La Maison verte qui, fait-il remarquer, est «une radiographie de la société péruvienne» car axé sur «la poétique de l'être». Et d'ajouter: «Mario Vargas Llosa s'employait à dire ce qui n'allait pas en dénonçant les crimes et corruptions qui existent en Amérique latine.» Notons que l'exposition «Mario Vargas Llosa, la liberté et la vie» est visible au Musée d'art moderne et contemporain (Mama) jusqu'au 2 avril.