«Le mouvement de protestation initié depuis le début février dernier est toujours à l'ordre du jour, d'ailleurs nous allons marcher à Alger le 12.» Les étudiants qui ont regagné les résidences universitaires depuis hier, ont été grandement surpris de voir leurs administrations afficher les dates de leurs examens du premier semestre. Cette information inattendue par les étudiants en grève depuis deux mois, s'est répandue comme une traînée de poudre. C'était, disons, la surprise générale. L'inquiétude et l'hébétude se lisaient sur les visages des étudiants rencontrés hier à l'université de Bouzaréah. Une telle «initiative» est perçue comme une manoeuvre de l'administration, oeuvrant à étouffer la colère des étudiants. Réunis hier à Bouzaréah, la Coordination nationale des étudiants autonomes (Cnea) a exprimé sa surprise de constater que leurs établissements se sont prononcés sur leurs examens sans qu'ils soient «associés ou consultés quant aux solutions médianes qu'il fallait proposer, après deux mois de grève générale». Ensuite, la Cnea a décidé de laisser le choix à l'ensemble des étudiants de trancher sur cette question, à savoir ce qu'ils doivent faire face à la décision de l'administration. «Le mouvement de protestation, initié depuis le début février dernier est toujours à l'ordre du jour, d'ailleurs nous allons marcher à Alger le 12», a déclaré Mounir, un délégué du Comité autonome de l'université de Bouzaréah, en assurant, par ailleurs, que le maintien unanime de la marche à Alger, pour le 12 avril prochain par les différents comités autonomes des grandes écoles et universités nationales, en est une preuve incontestable, renseignant amplement sur la ferme volonté de la Cnea d'aller jusqu'au bout de ses revendications. S'agissant des examens dont les dates sont d'ores et déjà affichées, Asma estime que la décision de l'administration d'examiner les étudiants renseigne plutôt sur l'irresponsabilité de cette institution et son indifférence à l'égard des aspects pédagogiques des cursus universitaires. Ou encore, elle a fait savoir que l'administration tente, par là, d'user de moyens expéditifs pour éviter une année blanche quitte à sacrifier l'image de l'université algérienne et l'avenir des étudiants. A ce sujet, il faut dire que l'étudiante ne se trompe pas. Sachant que l'année universitaire a commencé à la fin du mois de novembre dans la plupart des universités. Et depuis, des grèves et arrêts de cours ont été signalés par-ci par-là, et ce, jusqu'à au mois de février dernier quand les étudiants ont entamé un mouvement de protestation général. C'est dire que les étudiants n'ont eu droit cette fois-ci, dans le cadre du premier semestre, qu'à 2 mois de cours. Des enseignants ont déjà indiqué que le cursus pédagogique de l'année en cours est contaminé. «L'année blanche est de fait, de mon point de vue. Car les étudiants n'ont pas achevé leurs cours inscrits pour le premier semestre. Ils ont à peine achevé une moitié de leurs cours», a fait savoir M.Nacer Aït Mouloud, enseignant à l'université de Tizi Ouzou.