Les étudiants en médecine, pharmacie et chirurgie dentaire peuvent aujourd'hui pousser un grand ouf de soulagement. Le spectre d'une année blanche semble définitivement écarté. En effet, les syndicats des professeurs, docents et maîtres assistants en sciences médicales ont décidé hier, lors d'une assemblée générale extraordinaire tenue au CPMC du CHU Mustapha Bacha, de geler momentanément leur mouvement de grève et le boycott des examens et concours, initiés il y a un peu plus de deux mois. La décision a été approuvée à l'unanimité par les membres de l'assemblée qui ont donné un quitus au bureau et au Conseil national du syndicat pour gérer ce qu'ils ont qualifié de « période de transition ». « Nous avons opté pour le gel de la grève et non pas pour sa suspension et ce, afin de nous donner le temps de gérer la suite des événements », a déclaré le responsable du syndicat, Dr Djidjli, avant de préciser : « Nous avons lancé un ultimatum au 30 mai au Premier ministre afin de mettre au propre le décret exécutif portant la rétribution liée aux activités de la santé. » Il n'écarte toutefois pas le retour à la protestation dans le cas où les pouvoirs publics ne respectent pas leurs engagements et font dans la tergiversation. « Le pouvoir a de tout temps promis de satisfaire nos revendications, mais il n'a jamais tenu ses promesses d'où d'ailleurs notre méfiance aujourd'hui et le recours à la prudence », a indiqué le porte-parole du syndicat. « Nous allons donc attendre la concrétisation de l'engagement du Premier ministre », ont lancé les intervenants lors de l'assemblée générale du syndicat des professeurs, docents et maîtres assistants en sciences de médecine. L'assistance et le bureau national du syndicat se sont félicités de cet acquis qui en appelle d'autres. « Grâce à la détermination de l'ensemble des hospitalo-universitaires et à l'unification de nos rangs, nous avons réussi à arracher cette rétribution qui sera à hauteur de 55% de la rémunération versée par l'enseignement supérieur », a indiqué un syndicaliste, en précisant que « cette rétribution est évolutive, car elle évolue à mesure que le salaire augmente. Elle est aussi considérée comme un salaire supplémentaire, soumis aux retenues et calculé dans la pension de la retraite ». Dans une salle archicomble où se sont confondus enseignants, médecins et étudiants, le syndicat a aussi décidé d'établir un calendrier pour arrêter les dates des examens et des concours post-universitaires des étudiants dans les différentes branches de médecine. Les présidents du jury se réuniront pour refaire les examens et concours des étudiants en post-graduation. Pour ce qui est de la graduation, le syndicat a proposé des réunions entre les comités pédagogiques et les étudiants de chaque département afin de trouver une solution qui satisfasse tout le monde. Par ailleurs, pour la première fois depuis le début du mouvement de débrayage, on note la présence d'un représentant du ministère de tutelle au regroupement des hospitalo-universitaires. En effet, le secrétaire général du ministère de la Santé, Abdeslam Chakou, est intervenu pour faire part aux participants du message de dialogue émanant de M. Barkat. Il s'agit, fait-il remarquer, d'un message « d'écoute, de dialogue et de solidarité », affirmant sa conviction que « l'administration centrale, à elle seule, ne pourra pas redresser la situation du secteur de la santé ». Il a, donc, appelé les différents corps de la santé en Algérie à faire montre de « solidarité », tout en assurant que « le ministère de tutelle est ouvert au dialogue avec les différents corps de la santé pour trouver des solutions aux problèmes qui les préoccupent ». Dans ce sillage, le responsable du ministère a invité les syndicats des paramédicaux et des psychologues à une réunion de travail. Ces deux syndicats ont annoncé des grèves et des sit-in pour les prochains jours. A noter que le président de l'Ordre des médecins était présent à cette rencontre. Il a rappelé le combat noble des professionnels de la santé et a estimé que grâce à la mobilisation du corps de la santé, l'Algérie sera dotée d'un secteur public de qualité, qui sera, toutefois, plus performant si l'Etat décide à mettre la main à la poche.