A l'approche de la fin de la saison footballistique en cours, la tension dans nos stades va crescendo. Une habitude devenue presque banale chez nous pour ne pas dire normale. Que nous réserve encore cette saison 2010-2011 dont les nouveaux championnats professionnels de Ligue 1 et 2, continuent de fonctionner comme par le passé sur fond de violence? Un phénomène, qui gangrène aujourd'hui au quotidien toute notre société et qui impose chaque fois sa loi les jours de matchs. Même les huis clos instaurés par la Ligue nationale de football et les sévères sanctions financières infligés aux clubs responsables et récidivistes en la matière, ne semblent plus donner à réfléchir aux irréductibles fauteurs de troubles. La situation est vraiment grave aujourd'hui. Le nier serait alors faire preuve d'une complicité collective avec un phénomène qui est sur le point de diviser dangereusement beaucoup d'Algériens. Hier encore, un supporter, fan d'un grand club algérois, chauffeur de taxi de son état, n'a pas hésité à tenir les propos suivants: «Aujourd'hui, à 55 ans, je ne me reconnais plus du tout dans ce football qui est en train de nous pourrir la vie à Alger, chaque fois que telle ou telle équipe va jouer un match!» Un interlocuteur, visiblement dépité, renchérissait ensuite sur des propos tristes à entendre aujourd'hui. «Vous vous rendez compte? Plus de cent ans de colonisation n'ont jamais réussi à diviser les Algériens entre eux comme le fait le football aujourd'hui chez nous!» Et d'ajouter: «Depuis quand les supporters d'une même ville, comme Alger, se font la guerre dans les stades et partout dans la capitale de jour comme de nuit? Plus personne n'est épargné dans la rue, chaque fois qu'une rencontre de football est programmée à Alger entre deux clubs voisins!» L'homme en question en avait, en réalité gros sur le coeur de voir nos jeunes tout saccager sur leur chemin au nom du football. Un citoyen, comme tant d'autres passionné de football, me dira que même lorsque le stade du 5-Juillet est opérationnel, souvent les choses tournent au cauchemar aux alentours, et même à travers plusieurs quartiers empruntés par tous ces jeunes supporters. Selon lui, le problème ne tourne pas autour de la domiciliation des matchs au niveau d'un grand stade comme celui du complexe Mohamed-Boudiaf, mais bel et bien au niveau des mentalités des dirigeants actuels des différents clubs de la capitale, ou même d'ailleurs. Pourquoi, en effet, c'est à chaque fois la peur et l'état d'urgence autour d'un stade qui s'apprête à abriter un match de football? Sommes-nous devenus à ce point de vrais «monstres» et en perpétuelle recherche de violence sous toutes ses formes, comme pour mieux cacher nos multiples frustrations accumulées au fil des années? La rue algérienne va-t-elle indéfiniment rester sous le joug de certains dirigeants de clubs de football avides seulement d'argent, et rien d'autre en réalité? Aujourd'hui, il ne faut pas avoir peur de dire la réalité suivante: nos clubs de football, qu'ils soient de Ligue 1 ou de Ligue 2, sont en réalité le reflet d'une société totalement gangrenée par l'argent et la corruption. Et tant que perdurera cette maudite violence dans nos stades, beaucoup de dirigeants indignes d'être à la tête de nos clubs, même les plus prestigieux, continueront à tirer profit de cette situation devenue vraiment grave.