Le huis clos, exception règlementaire qui remonte à la nuit des temps, serait-elle devenue une règle systématique dans notre football ? Il y a tout lieu de le croire quand on se réfère aux statistiques de ces dernières années et le chiffre hallucinant de 30 pour cent des matches à huis clos décrétés par la Ligue nationale de football au cours de la saison 2008-2009. Suite à quoi il avait été annoncé que cette forme de sanction allait être révisée et remplacée par une punition plus adaptée à l'air du temps. De simples paroles apparemment qui n'ont pas été suivies d'effet puisqu'on se rend compte que le huis clos est toujours de mise voire appliqué avec encore plus de fermeté et sans le moindre discernement provoquant ainsi la grogne quasi unanime des acteurs de notre football. A commencer par les présidents qui s'insurgent contre ce qu'ils qualifient carrément de contradiction comme nous l'a signifié Mahfoud Kerbadj, président de l'Association des clubs professionnels : «L'application systématique du huis clos telle qu'elle se fait actuellement est contradictoire par rapport au professionnalisme qui vient d'être mis en route cette saison.» Le président du CRB poursuit en expliquant le fond de sa pensée : «En ce moment le grand problème des clubs sont les sources de financement et alors qu'on cherche désespérément des moyens pour renflouer les caisses des clubs on nous prive comme ça par une simple décision de recettes en décrétant le huis clos.» Un manque à gagner quelques fois fatal surtout pour certains clubs qui n'ont toujours pas mis la main sur de gros sponsors en mesure de les aider à faire face à la gestion financière très contraignante mais également rigoureuse du professionnalisme comme nous le dit Mahfoud Kerbadj : «Il y a par exemple des clubs comme le Mouloudia de Saïda, l'AS Khroub ou pratiquement tous les clubs de Ligue 2 qui n'ont pas de sponsors et qui ne vivent que des recettes de matches. Et donc lorsque vous sanctionnez ces clubs-là par le huis clos vous leur enlevez la seule ressource dont ils disposent pour survivre. «C'est donc un problème de fond que pose le président de l'Association des clubs professionnels qui préconise d'autres formes de sanctions que le huis clos qui avec le temps est passé de mesure d'exception à une règle systématique. C'est d'ailleurs ce qui avait amené les responsables de la ligue nationale à envisager après réflexion la révision du huis clos qui devait être reconverti, selon les doléances des clubs, en sanction moins arbitraire et surtout moins préjudiciable sur le plan financier. C'est, si nos souvenirs sont bons ce qui avait fait l'objet en février 2009 d'un amendement partiel du règlement du championnat de D1 et de D2 concernant plusieurs points disciplinaires et notamment le huis clos qui devait laisser place à de fortes amendes financières qui pouvaient aller jusqu'à 100 000 DA. C'est d'ailleurs ce que préconise encore aujourd'hui l'écrasante majorité des clubs par la voix du président Kerbadj : «On devrait par exemple sanctionner un club en le faisant jouer à 100 kilomètres de chez lui mais pas en le privant de public. Et en plus quel est le tort du club adverse qui se voit lui aussi sanctionné de huis clos alors qu'il n'a strictement rien à voir avec les faits qui ont entraîné la sanction.» Et par-dessus tout, se pose aussi la question des causes qui engendrent le huis clos et parmi lesquelles certains actes prohibés comme les fumigènes et autres objets pyrotechniques à propos desquels les présidents déclinent totalement, et justement du reste, leur responsabilité. «Comment peut-on nous sanctionner pour des fumigènes alors que nous n'avons aucun moyen de procéder à la fouille des spectateurs à l'entrée. Et puis le jour où nous serons propriétaires des stades on pourra nous responsabiliser sur tout ce qui se passe dans le stade. Pour le moment ce n'est pas le cas», nous a également dit Mahfoud Kerbadj à ce sujet. La grande bataille qui est, donc, engagée aujourd'hui entre les clubs et les instances qui gèrent le football concerne ce huis clos devenu règle systématique dont les répercussions se chiffrent à plusieurs millions de dinars pour les clubs.