Les piètres performances du football national n'ont d'égales que les poussées de violence de ses supporters qui ne datent pas d'aujourd'hui. La violence dans les stades algériens est devenue banale. Très banale. Elle ne date pas d'aujourd'hui, et elle semble propre, presque exclusivement, à une seule discipline : le football. Le dernier incident en date, celui qui s'est soldé par la mort d'une personne et plus d'une quarantaine de blessés parmi les supporters de deux équipes de la division nationale II, ne fait que refléter la situation d'insécurité et de folie meurtrière qui prévaut depuis pas mal de temps dans les arènes du football algérien. Chauvinisme de quartier ou de région, frustrations sociales, et manipulation politicienne d'un jeu de société parmi les plus populaires pas seulement en Algérie, mais sur presque toute la planète, cet excès de ferveur meurtrier pour une cause censée aider au développement du côté pacifique de la personnalité de l'individu ne reflète, en fait, que l'état de la société dans laquelle se déroule cette activité dite sportive. Assimilé par certains spécialistes de la récupération comme un vecteur d'enrichissement et par d'autres comme un instrument de promotion politique et sociale, le football a toujours été le tremplin pour toutes les aventures douteuses que certains individus enfourchent à travers ces fameux comités de supporters de clubs sans pour autant être d'un quelconque apport lors des excès de violence que leur hobby connaît de temps à autre. D'ailleurs, depuis vingt ans, c'est-à-dire au début des années 1980, cette violence, quoique empreinte souvent de revendications politiques, s'est limitée à des bagarres sans grandes conséquences entre supporters. Mais, par la suite, et suivant l'évolution de la société algérienne en général, les armes blanches et les barres de fer sont devenues les principaux arguments de certains supporters de clubs particulièrement lorsque leur équipe est en difficulté ou perd la partie. Il est vrai que toute une double décennie - de crise économique, de chômage, de frustrations en tout genre, et surtout de violence terroriste où l'arme blanche a été utilisée sans fin - est passée par là, laissant des séquelles indélébiles dans l'inconscient d'une jeunesse qui ne connaît point le savoir-vivre ou le civisme et encore moins l'esprit sportif ou le respect de l'adversaire. Les pouvoirs publics, qui à la faveur du dernier Conseil interministériel consacré à l'organisation des 10e Jeux sportifs panarabes qu'abritera l'Algérie en septembre 2003 et la refondation du football national, vont enfin s'intéresser à l'environnement sportif et notamment à celui exécrable qui entoure le sport roi. Ce dernier, qui ne s'est fait connaître ces dernières années, que par ses piètres performances continentales et internationales a besoin, plus que jamais, que l'on donne un grand coup de pied dans la fourmilière.