A deux jours de ce derby, le risque de dérapage est grand. Dans l'entretien qu'il nous a accordé et que nous avons fait paraître dans notre édition d'hier, l'entraîneur du Mouloudia d'Alger, Noureddine Saâda nous a affirmé qu'il fallait «dépassionner le débat» au sujet du match qui doit opposer, vendredi au stade Omar-Hamadi de Bologhine, son équipe à celle de l'USM El-Harrach. Le technicien mouloudéen ne faisait que mettre l'accent sur une situation que l'on a trop gonflée pour un match somme toute banal. Au moment où la violence dans les stades reste d'actualité il est plus que regrettable que la parole soit donnée à des personnes afin qu'elles délivrent des messages incendiaires. Cette violence, dit-on, doit être combattue à la base, au niveau des causes qui l'engendrent. Ne peut-on pas considérer justement comme l'une de ces causes le fait que des gens censés donner l'exemple en matière de civisme et de sportivité fassent preuve d'un état d'esprit versant dans la haine d'autrui? Le public est reconnu pour être un «suiviste». Il ne fait que réagir à ce qu'il voit et à ce qu'il entend. Forcément, il se fixe à ceux de son camp à savoir les dirigeants, les entraîneurs et les joueurs de son camp. Il suffit que l'un d'eux se plaigne pour inciter les supporters à faire cause commune avec lui. Pourtant il n'y a pas de quoi s'agiter et faire du bruit. Le football algérien est loin d'être attractif au point de soulever les passions. Concernant le MCA-USMH de vendredi, ce n'est que l'opposition de deux équipes en perte de vitesse évoluant seulement en division 2. Pire encore, elles ne sont même pas premières de leur groupe. Ajoutons à cela que leurs joueurs tout comme leurs collègues des autres clubs donnent l'impression, parfois, de s'être trompés de sport tant le spectacle qu'ils nous offrent est d'une piètre qualité. C'est pour le sport que des gens, passant pour être dirigeants, gesticulent et font du brouhaha au risque de pousser les supporters à l'irréparable. Ce vendredi, on comprend par là que la publicité faite à cette rencontre est des plus abusives. Du reste que signifie cette histoire de billets non rétrocédés aux harrachis sous prétexte qu'à l'aller le MCA avait été malmené? Comment la LNF et les autorités peuvent-elles rester les bras croisés devant une telle situation? Si on empêche les supporters de l'équipe adverse d'entrer dans le stade, viendra le jour où ce sera l'équipe elle-même à qui on refusera cet accès. A propos de la LNF on sait qu'elle suit à la lettre les recommandations de la FAF. Celle-ci s'était illustrée la saison dernière en suspendant Noureddine Saâdi et Nedjmeddine Belayachi pour avoir enfreint le devoir de réserve. De la même manière, elle avait adressé un sévère avertissement au président de l'USMAlger Saïd Allik. Il serait peut-être bon que la ligue nationale, par le biais de sa commission d'éthique, en vienne à sanctionner ces joueurs, dirigeants et entraîneurs coupables de déclarations incendiaires à propos d'un match. La violence n'est pas physique, elle peut être verbale et ces derniers ne font qu'inciter les supporters à mal réagir. Mais la LNF peut-elle prendre une telle mesure? Nous nous permettons d'en douter.