Photo : Riad Par M. Gemmill La violence dans les stades. Voilà un sujet qui n'a laissé personne indifférent, ces dernières semaines, et qui a poussé toutes les parties prenantes de notre football à chercher le remède, la panacée, même si les spécialistes chargés d'étudier et d'endiguer le phénomène de la violence estiment que celui-ci dépasse le cadre du football et relève beaucoup plus du domaine du social et psychologique. «Un sport sans violence dans les stades algériens» est l'appel lancé par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, suite à la recrudescence de la violence dans les stades, lors d'une réunion qui a regroupé l'ensemble des acteurs du mouvement sportif national au siège du MJS. «Il est de notre devoir de développer le sport au profit du peuple algérien, qui a droit au langage sportif universel, car le sport contribue au développement et à la notoriété d'un Etat», a-t-il dit. Et d'indiquer que la campagne de sensibilisation sur la non-violence dans le sport en Algérie vise à inculquer et à cultiver le fair-play dans le sport. La convention européenne, dite convention Heysel (allusion faite au drame du stade du Heysel à Bruxelles en 1985 lors de la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus de Turin, 39 morts), définit trois méthodes pour lutter contre la violence dans les stades : prévention, coopération entre autorités sportives et policières et, enfin, répression. En plus des méthodes de la convention Heysel, le ministre honoraire de la Coopération internationale prône la connaissance parfaite des règles du jeu. Pour lui, la non-violence implique, dans le sport, l'acceptation des lois du jeu et l'engagement librement consenti de la respecter. Enfin, il a fait mention des conséquences de la violence dans le sport, telles que la fermeture des stades, la suspension des clubs dont les supporters provoquent des troubles dans les installations sportives, etc. Un fait est certain, la victoire ne constitue pas un phénomène nouveau en football. En Europe, la catastrophe du Heysel de Bruxelles, le soir de la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions est encore vivace dans les esprits. Alors est-ce le football qui provoque la violence ou est-ce la société moderne qui devient violente pour plusieurs raisons ? D'ailleurs, la violence physique et verbale touche aujourd'hui la famille, l'école, la rue, le travail et c'est le plus naturellement du monde qu'elle touche les stades. Ces lieux où les enjeux deviennent de plus en plus importants, où se retrouvent des milliers de personnes venues se défouler, oublier le stress, dégager leur énergie, etc. Aux grands maux les grands remèdes Le spectateur d'aujourd'hui s'est transformé en véritable acteur. Chez nous, la violence s'est développée ces derniers temps, car il y a aussi une interférence des rôles. Les limites entre les responsabilités ne sont plus respectées. Les joueurs se mettent à juger l'arbitre, les entraîneurs et présidents des clubs défendent leurs protégés, exclus pour agressions, les reporters sportifs donnent la parole aux joueurs exclus ou fautifs, etc. Il est donc grand temps de mettre fin à ces comportements. Devant pareille situation, les acteurs sportifs sont unanimes à reconnaître qu'il n'y a plus de temps à perdre. Des mesures draconiennes sont nécessaires pour mettre fin à ce fléau. Des solutions adéquates doivent être trouvées et au plus vite pour sauver le sport. Changer les lois qui régissent le football pour dissuader les fauteurs de troubles ou priver ces derniers d'accès au stade, cela constituerait de bonnes solutions comme c'est déjà en usage dans certains pays d'Europe. Mettre fin à la rage de paraître de certains présidents de club, qui sont souvent à l'origine de dépassements quand ils font des déclarations tapageuses. Leur interdire l'accès au banc de touche serait une bonne solution. Enfin, il appartient aux clubs d'accorder plus d'attention et de moyens pour que les comités de supporters accomplissent leur mission d'encadrement dans de bonnes conditions et de manière efficace. Autant de propositions qui contribueraient à l'assainissement de l'ambiance dans nos stades. Le phénomène n'est pas nouveau et ne concerne pas uniquement le football. Il s'agit d'un fléau qui s'est propagé à travers le monde et même dans les pays hautement développés. Beaucoup de choses sont à revoir dans nos stades Des propositions susceptibles d'atténuer le fléau de la violence ont été faites lors de la rencontre MJS-présidents des clubs de division une. A commencer par les dirigeants, lesquels, malheureusement, ne sont pas encore conscients des conséquences de leurs actes, tout à fait condamnables. Ils ont une grande responsabilité à assumer et pas uniquement un rang d'honneur à tenir. Lors des matches de football, ils ont leur place dans la tribune officielle et non pas sur le banc réservé aux joueurs remplaçants et à ceux qui encadrent quotidiennement l'équipe. Ils doivent faire attention et être conscients quant à des dépassements et autres écarts de conduite de leur part. Sur le plan juridique, plusieurs lois et règlements doivent être révisés, en tenant compte du danger que présente la recrudescence de la violence. Il faut œuvrer à changer certaines réglementations en ordonnant la tenue d'une assemblée générale extraordinaire, car ce qui s'est passé cette saison incite à ne plus regarder sans broncher. De même, les médias et les établissements d'enseignement ont un rôle très important à jouer dans le cadre de la sensibilisation et de l'éducation. La télévision, à titre d'exemple, pourrait être un instrument précieux pour encadrer les supporters et leur permettre de prendre conscience des dangers de la violence. Des imams ont été appelés à en parler et à mettre les gens en garde pour s'opposer à cette violence. Un problème de communication Développer la communication entre dirigeants et supporters est également un moyen de mettre une balise pour endiguer la violence. Dans bon nombre de situations, le public agit sans avoir en tête certaines réalités. Les dirigeants doivent avoir le courage de faire comprendre aux supporters les réelles ambitions de leur équipe en tenant compte des moyens mis à sa disposition. Une fois convaincus, ils seront prêts à accepter, de bien meilleure façon, une défaite ou une déception. C'est un problème de communication qui leurre les supporters et attise leur colère. Il faut absolument leur parler et ils ne manqueront pas de percevoir le message et d'agir en conséquence. Il y a aussi les difficultés rencontrées pour encadrer au mieux des supporters de plus en plus enflammés, lesquels, en raison de leurs relations et influences, deviennent plus… forts que les dirigeants ou même présidents de club. A cette occasion, les puristes ont beaucoup insisté sur le changement du comportement des entraîneurs au bord de la touche et les déclarations à chaud des joueurs, rappelant la nécessité d'établir un module sur les relations entraîneurs-médias afin d'éviter de tels écarts. Main courante garnie et présidents sur le banc de touche Les représentants des médias ont évoqué d'autres causes de la violence dans les stades, dont la présence des présidents de club sur le banc des remplaçants ou les consignes données par les entraîneurs appelant leurs joueurs à faire preuve de plus d'agressivité et d'engagement physique, qui engendrent, bien entendu, des décisions arbitrales contestées et la colère des supporters sur les gradins. Ils ont appelé à réviser les méthodes de répression et ont incité les dirigeants à mieux maîtriser les règlements et lois du jeu pour éviter des gestes gratuits et énervants devant les supporters. Ils ont recommandé une autocritique au sein des médias, de façon à combattre le fléau de la violence de manière plus soutenue et efficace.