La mesure vise les migrants en provenance de Tunisie et de Libye en particulier, et des pays du Maghreb, en général, désireux de s'installer en France. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer ce qui res-semble à une volonté délibérée du gouvernement français à braconner sur les terres du Front national. L'ex-Premier ministre de Jacques Chirac a qualifié «d'erreur», dimanche, sur les ondes de la radio Europe 1, l'intention de la France de suspendre provisoirement les accords de Schengen, de libre circulation des personnes au sein de l'UE. «Il ne faut surtout pas revenir en arrière sur Schengen, ce serait une erreur et un très mauvais signal... Il faut réfléchir à doter le système Schengen de nouveaux outils...», a estimé Dominique de Villepin qui était l'invité du «Grand rendez-vous» Europe1/ Le Parisien, Aujourd'hui en France. L'ancien ministre français des Affaires étrangères met le doigt là où la machine s'est enrayée. «Ce qui n'a pas fonctionné, c'est la solidarité entre la France et l'Italie», a jugé le président de la République solidaire qui briguera très probablement la magistrature suprême en 2012. Le Front national, qui n'ignore pas qu'une telle proposition qui consiste avant tout pour le président français de lui contester sa chasse gardée, pousse Nicolas Sarkozy à joindre l'acte à la parole. «Nous avons la preuve que Schengen est en soi un très grave problème. Il n'est donc plus temps de «réfléchir» et de palabrer. Il faut maintenant agir très vite!», a déclaré la présidente du FN. «La seule position raisonnable est de négocier la sortie de l'espace Schengen, au plus vite...Face à cette solution, le bla-bla et l'inaction sarkozystes ne sont qu'une préjudiciable perte de temps», a souligné Marine Le Pen. Du côté du Parti socialiste, c'est la secrétaire nationale à l'Immigration qui est montée au créneau. «Le rétablissement des frontières internes de l'Union européenne n'est pas une solution...La suspension de l'application des accords de Schengen, évoquée vendredi par l'Elysée, signifierait concrètement le rétablissement d'une frontière et la fin de la libre circulation des personnes, droit fondamental garanti aux citoyens de l'Union européenne depuis vingt ans», a fait remarquer Sandrine Mazetier. Calendrier électoral oblige, le chef de l'Etat français ne fait pas dans la dentelle pour ratisser large, et grappiller des voix en vue de l'élection présidentielle qui aura lieu dans une année à peine. Quitte à remettre en cause les accords du traité de Schengen. La mesure vise les migrants en provenance de Tunisie et de Libye en particulier, et des pays du Maghreb, en général, désireux de s'installer en France. Elle aura pour conséquence de restreindre leur liberté de circuler au sein des pays membres de l'espace Schengen. Motif? Mettre fin à la vague de migrants tunisiens et libyens en provenance d'Italie. Il ne faut cependant pas perdre de vue que cette nouvelle annonce se situe en droite ligne de la politique sécuritaire et de l'immigration voulue par Nicolas Sarkozy. Après le débat sur l'identité française, la stigmatisation des populations de religion musulmane, l'interdiction du port du voile, le ministre français de l'Intérieur a annoncé son intention de limiter l'immigration légale...«Aujourd'hui, il y a à peu près 200.000 étrangers supplémentaires (par an) qui sont autorisés à séjourner en France (...) Mon objectif, c'est de réduire ce nombre de 20.000, c'est-à-dire de passer de 200.000 à 180.000, dans un premier temps», a révélé, il y a quelques jours, Claude Guéant. Cela fait belle lurette que la France s'est enfoncée dans une dérive droitière.