Contrôle n La France réfléchit à la possibilité de suspendre provisoirement les accords de Schengen face à l'afflux de migrants venus de Tunisie et de Libye, via l'Italie, a indiqué l'Elysée. «La gouvernance de Schengen est défaillante. Il faut réfléchir à un mécanisme qui permette, lorsqu'il y a une défaillance systémique à une frontière extérieure de l'Union européenne, d'intervenir, en prévoyant une suspension provisoire, le temps que la défaillance soit réglée», a affirmé la présidence française. Concrètement, cette suspension reviendrait à rétablir le contrôle des papiers aux frontières et dans les aéroports. Mais l'impact symbolique serait bien plus important. Cette mesure intervient comme un avertissement à l'Italie, jugée trop «permissive» à l'égard des clandestins venus de Tunisie. L'afflux actuel d'immigrants tunisiens et libyens via l'Italie, a provoqué de vives tensions entre Paris et Rome ces dernières semaines. Les accords de Schengen, en eux-mêmes, ne prévoient pas une telle suspension. Seule une «menace grave pour l'ordre public ou la sécurité intérieure» peut «exceptionnellement» justifier la réintroduction du contrôle aux frontières durant une période limitée d'une durée maximale de trente jours, éventuellement renouvelable tant que la menace subsiste. La Commission européenne a, à ce sujet, indiqué qu'elle n'a pas été saisie de l'intention de la France de suspendre provisoirement Schengen, l'accord de libre circulation des personnes en Europe, et a précisé, hier, vendredi, qu'une reprise temporaire des contrôles aux frontières devait être dûment argumentée. Le porte-parole de la Commission a, dans ce cadre, rappelé que les Etats membres de l'espace sans frontières Schengen ne pouvaient procéder qu'à des reprises très temporaires et dûment justifiées des contrôles aux frontières. Le dossier de l'immigration est un des points les plus sensibles du sommet franco-italien de mardi prochain à Rome entre le chef du gouvernement italien et le Président français. Dimanche dernier, Paris avait suscité la colère des Italiens en suspendant la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille vers la France, estimant qu'un train avec à bord des manifestants voulant accompagner des immigrés tunisiens «posait un risque de désordre public». La France, de son côté, est irritée par l'Italie qui a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois à plus de 20 000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier. Pour nombre d'observateurs, cette mesure de Paris est aussi un message aux électeurs du Front national qui fait des accords de Schengen une cible privilégiée et réclame le rétablissement des frontières à l'intérieur.