Malgré les mises en garde du gouvernement, les manifestations pour un «Vendredi de la colère» ont eu lieu, marquées par une sanglante répression. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier contre le régime syrien, en particulier à Damas, Homs (centre), Banias (nord-ouest) et dans les régions à majorité kurde, bravant l'interdiction par le régime. Réprimée par les forces de sécurité, au moins seize personnes ont été tuées hier et des dizaines d'autres blessées par des tirs des forces de sécurité à l'entrée de la ville de Deraa, dans le sud du pays, ont indiqué des militants de droits de l'homme. Selon ces sources, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur «des milliers de personnes» venues des villages voisins de Deraa «pour apporter de l'aide et de la nourriture» à la ville, assiégée depuis lundi. Dans cette atmosphère de pré-guerre civile, quatre soldats syriens ont été tués et deux autres enlevés hier lors d'une attaque contre un poste militaire à Deraa dans le sud de la Syrie, par un «groupe terroriste armé», a affirmé un porte-parole militaire cité par l'agence officielle Sana. Malgré une semaine de répression sanglante, à coups de chars et de snipers, les Syriens semblent plus que jamais déterminés à obtenir leur droit. C'est ainsi, que «Les jeunes de la révolution syrienne» ont appelé sur Facebook à un «vendredi de la colère» en solidarité avec Deraa (sud), berceau de la révolte. Suite à cet appel de mobilisation nationale, les autorités syrienne avaient mis en garde contre toute manifestation, prévenant qu'elles appliqueraient «les lois en vigueur». Dans cette perspective, le ministère syrien de l'Intérieur a appelé les «frères citoyens» à contribuer de manière efficace à la stabilité et à la sécurité du pays. «S'abstenir de mener des manifestations ou des sit-in sous n'importe quel slogan, sans avoir obtenu d'autorisation officielle», reste la condition sine qua non à cette stabilité, selon un communiqué diffusé par l'agence Sana. «Les lois en vigueur en Syrie seront appliquées afin de préserver la sécurité des citoyens et la stabilité du pays» a encore précisé le communiqué. Dans le but de répondre aux principales revendications du peuple, Bachar Al Assad a promulgué le 19 avril dernier un décret stipulant la levée de l'état d'urgence, rappelle-t-on. Il a toutefois promulgué un autre décret qui lui, réglemente le droit de manifester dans le pays. En vertu de ce décret, une autorisation officielle est requise pour l'organisation de manifestation. De leur côté, les Frères musulmans, principal groupe d'opposition dans le pays, ont accusé le régime de perpétrer un «génocide» et appelé le peuple à ne pas céder au «tyran», en référence à M.Al-Assad. Dans le cadre d'une solidarité internationale, la communauté internationale, qui s'inquiète de plus en plus de la situation en Syrie, examine les moyens de faire barrage à l'actuelle répression contre la population et les opposants syriens. Dans ce contexte, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU tenait hier à Genève, une session extraordinaire sur la Syrie. Cette session spéciale des 47 Etats membres de l'organisation intervient alors que le Conseil de sécurité n'est pas parvenu mercredi à se mettre d'accord sur une déclaration commune. L'organisation Human Rights Watch (HRW) a, quant à elle, demandé hier au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, de condamner la «répression des manifestations pacifiques» et de lancer une enquête sur les violences commis dans ce pays. Sur le Vieux Continent, un large consensus se fait parmi les Européens pour envoyer, par le biais de sanctions, le «bon signal» à Damas afin d'appeler le gouvernement à la fin de la répression des manifestations en Syrie. «Il ne s'agit pas d'adopter des sanctions dans le simple but d'en adopter, il s'agit d'envoyer le bon message à Damas, pour qu'ils (les gouvernants) arrêtent la répression et retournent sur le droit chemin du dialogue avec leur opposition», a indiqué Pierre Vimont, l'adjoint de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Depuis le début de la contestation, plus de 500 personnes ont été tuées en Syrie, selon le Comité des martyrs du 15 mars, proche des opposants. Mais le porte-parole militaire syrien a démenti ce chiffre, affirmant que seulement 148 personnes avaient été tuées, 78 militaires et policiers et 70 civils.