Permis de construire et esthétique sont les maillons manquants dans la chaîne de l'habitat. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M.Nourredine Moussa, a indiqué récemment à Tlemcen que tous les acteurs relevant du domaine de l'urbanisme doivent s'impliquer davantage dans la construction d'un cadre bâti cohérent et de qualité. Le ministre a appelé les ingénieurs, les experts, les architectes, les universitaires et les sociologues à s'impliquer dans l'acte de construire pour assurer un cadre bâti répondant aux exigences de la qualité et à la diversité de fonctions. Une cinquantaine de recommandations relatives à la régulation du cadre bâti et à une planification étudiée mettant à contribution tous les acteurs et allégeant les mesures administratives et juridiques ont été adoptées, par les participants aux Assises de l'urbanisme. Noureddine Moussa a indiqué que l'urbanisme effréné engendré par des circonstances socio-historiques, a donné lieu à un cadre bâti incohérent et incompatible avec les conditions requises, rendant certaines villes et villages dépourvus du strict minimum d'esthétique. Selon lui, dans de telles situations, «nous nous trouvons devant des constructions bizarres et non achevées et, dans la plupart du temps, des réseaux inachevés, des sites d'habitation anarchiques et précaires». Le ministre a rappelé les mécanismes auxquels a eu recours son secteur pour l'organisation de l'urbanisme, tels que les plans directeurs d'aménagement urbain (Pdau) et les plans d'occupation des sols (POS), en plus de la création d'Agences nationales d'urbanisme, de l'Inspection générale de l'urbanisme et de l'Ecole nationale de l'habitat, laquelle est chargée de la formation dans différentes spécialités d'encadrement et de gestion de la construction. Les axes de cette rencontre comportent quatre points: la planification et l'exécution des projets de développement urbain dans le cadre de la concertation et l'intégration, la relance et la redynamisation des tissus urbains, l'aménagement du cadre de vie en milieu rural et l'adéquation de l'organisation. Noureddine Moussa a tenu à faire remarquer que la fonction urbanistique, de par la complexité du tissu urbain moderne, des soucis de sa fonctionnalité, des spécificités locales, et des contraintes démographiques, n'est pas seulement de la responsabilité de l'urbaniste, mais doit s'intégrer dans une approche beaucoup plus large et concertée. Une cinquantaine de points ont été suggérés par la rencontre. Joint par nos soins, Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des architectes experts, mettant en évidence la désuétude qui frappe les instruments de planification urbaine en vigueur en Algérie - le Pdau et le POS - a clairement fait savoir qu'«il est temps de faire un bilan par rapport à tout ce qui a été fait jusqu'au jour d'aujourd'hui et de créer un débat. C'est à partir des conclusions des bilans de ce qui a été fait qu'on pourra se prononcer lors des prochaines assises», a-t-il soutenu. Pour indiquer la voie à suivre, l'architecte trouve que «depuis l'Indépendance à ce jour, vingt-cinq ministres de l'Habitat se sont succédé et peu de choses ont été faites. Tous les ministres précédents ont agi dans la précipitation et sans aucune stratégie. Que l'actuel ministre ait sa stratégie», a-t-il poursuivi. Il ajoute, qu'«il est urgent d'investir dans l'être humain et non pas sur les lois». Arlette Heymann-Doat, professeur de droit en France, n'a-t-elle pas déclaré que les Etats n'ont guère manifesté d'originalité dans la création de leur droit de l'urbanisme, alors qu'ils pouvaient avoir des traditions urbaines et locales très différentes?