Ils réclament leur association dans la réalisation des projets de construction au lieu de se fier aux bureaux d'études techniques ou aux promoteurs. «Le produit architectural en Algérie est médiocre. Et pour cause, les constructeurs font appel aux promoteurs ou aux ingénieurs au lieu de faire appel à l'architecte dont le métier est artistique et non pas technique ou économique», souligne Salah Mabrouk, architecte de son état. S'exprimant au cours d'une journée d'étude consacrée au décret législatif n°94-07 du 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l'exercice de la profession d'architecte, tenue hier à Alger, l'intervenant propose de «remplacer le permis de construire par l'ordre de mise en conformité avec le plan de construction approuvé par les services techniques». A ses yeux, c'est ainsi «qu'on va attribuer la totale responsabilité du projet à l'architecte et non pas au promoteur ou à l'ingénieur». Selon M.Mabrouk, «en Algérie, on construit pour construire, directement, sans tenir compte de l'esthétique et de la qualité». A ce titre, il convient de rappeler que le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme Noureddine Moussa n'a pas cessé de revenir dans chacune de ses sorties sur l'absence de la qualité. Ce manque est fortement remarqué dans les différents projets de construction. «Nos villes sont devenues un spécimen d'infractions aux règles de l'urbanisme. Aussi, la qualité de l'urbanisme est-elle au centre de nos préoccupations dans le sens où l'acte d'urbanisme est un acte d'organisation de notre espace vital. L'arsenal législatif et réglementaire y afférent, notamment la loi 08-15 et le décret exécutif 09-154, va permettre à l'Etat de mieux maîtriser cet aspect capital pour le bon fonctionnement des agglomérations urbaines», a souligné le ministre en charge du secteur dans une déclaration précédente. Promouvoir l'esthétique urbaine est d'intérêt public, selon le ministre de l'Habitat. Cet avis est partagé par la communauté des architectes. Seulement, ces derniers réclament d'être associés dans la réalisation des projets de construction au lieu de se fier uniquement aux bureaux d'études techniques ou aux promoteurs. L'objectif consiste à faire un travail cohérent et de qualité. Selon Abdelhamid Boudaoud, membre de l'Ordre des architectes, «le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme veut organiser les bureaux d'études». A ce propos, M.Boudaoud a tenu à préciser que «nous sommes des cabinets d'architecture et non pas des bureaux d'études techniques. Nous voulons assumer la responsabilité de notre produit. Aussi, il ne faut pas nous confondre avec les techniciens ou les promoteurs. Mais nous ne voyons aucun inconvénient à nous réunir dans un bureau d'études pluridisciplinaire.» Intervenant lors de la même occasion, le vice-président de l'Ordre des architectes d'Alger, Djamel Djemaï, a indiqué que «le décret législatif n°94-07 du 18 mai 1994 relatif aux conditions de la production architecturale et à l'exercice de la profession d'architecte, a balisé toutes les conditions préalables pour l'exercice de l'architecture mais en réalité, nous ne disposons pas de ces conditions».