Le couple économie-société doit fonctionner main dans la main. D'éminents sociologues et économistes se penchent sur l'économie de l'Algérie. Ils ont écrit 765 pages sur le sujet. Leurs contributions sont publiées dans un ouvrage collectif intitulé le Développement économique de l'Algérie, expériences et perspectives. Casbah éditions invite d'ailleurs à une journée de présentation de l'ouvrage qui aura lieu le 14 mai prochain à l'hôtel Hilton. Le directeur du collectif d'auteurs, Taïeb Hafsi, professeur à l'Ecole des hautes études commerciales de Montréal au Canada, sera présent. Dès les premières pages du livre, Hafsi donne le ton. «Le problème du développement économique est qu'il n'est pas seulement économique», écrit-il. Il pense que le développement économique est déterminé par des facteurs sociaux et politiques, partis et gouvernement, entre autres. Le Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international et enseignant à Oran, ajoute la dimension historique pour comprendre les politiques de développement et se livre à un bilan d'un demi-siècle de réalisations économiques. Il ne dément pas Hafsi en soulignant, lui aussi, que l'économie est politique. L'analyse est achevée par un regard sur la période 1999-2010 pendant laquelle, écrit-il, le Président a promis de rétablir l'Algérie sur la scène internationale et de relancer la croissance économique pour atténuer les tensions sociales et mettre fin à l'effusion de sang. Ces réalités n'ont pas échappé à d'autres rédacteurs, à l'instar de Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement qui avait fait été d'une stabilisation macroéconomique «bien établie et d'une aisance financière jamais égalée». A cela s'ajoute le règlement du problème de l'endettement extérieur. Il regrette que les réformes du secteur réel n'aient pas été mises en oeuvre au rythme nécessaire pour contribuer au règlement des problèmes sociaux. Le couple économie-société doit fonctionner main dans la main. Tous ces rédacteurs sont d'accord sur le constat, y compris Nadji Safir, selon lequel toute société ne peut fonctionner que s'il existe entre tous ses membres une communication organisée pour atteindre le consensus à propos des valeurs et des croyances qui sont des repères pour baliser les modes d'action. Quelles sont les propositions émises pour parvenir à ce consensus? Bachir Mazouz et Nourredine Belhocine explorent quelques pistes et mettent l'accent sur le rapprochement entre les secteurs public et privé. D'autres sont enclins à croire que de nouvelles méthodes de gestion sont à même de contribuer au redressement de l'économie. Si ces recettes sont appliquées, les chercheurs n'excluent pas de faire de l'Algérie un dragon africain comme il a existé des dragons asiatiques. Sortir de la rente équivaudrait à se hisser au niveau de la Corée du Sud, de Taïwan et d'autres puissances du Sud. Les analystes s'accordent à dire que le classement de l'Algérie au niveau mondial n'est pas toujours reluisant. Dans son édition 2010, du Doing Business la Banque mondiale apprécie négativement l'économie algérienne. Elle est à la 136e place sur 183 nations évaluées. Les informations sont celles de 2010 lorsque l'Agence nationale de développement de l'investissement faisait état de 20.000 déclarations d'investissement une année auparavant. Depuis, les réserves de change ont été de plus de 150 milliards de dollars alors que la dette extérieure publique est de moins d'un milliard de dollars.