Nicolas Sarkozy, dont la politique de l'immigration a épousé certaines thèses défendues par le Front national, devrait être une victime collatérale directe de cette initiative. Un combat implacable sera mené contre toutes les extrêmes droites européennes. Le président de la Commission européenne sera destinataire, le 30 mai, d'une déclaration commune. Que dit-elle? «La volonté d'oeuvrer ensemble pour contrer les efforts visant à diaboliser et à marginaliser l'une ou l'autre de nos communautés. Le sectarisme envers un juif ou un musulman est une attaque contre tous les musulmans et tous les juifs», indique le message qui sera remis à José Manuel Barroso. Les représentants des cultes musulman et juif de neuf pays d'Europe ne comptent pas rester les bras croisés devant la montée du racisme et de la stigmatisation dont sont victimes les membres de leurs communautés. A l'occasion de la commémoration de la Journée de l'Europe, ils ont lancé, le 8 mai, une campagne pour «dénoncer les partis extrémistes» et «appeler à ne pas plier devant eux». La date choisie pour cette démarche est hautement symbolique. Elle est célébrée en Algérie pour la commémoration des événements de Sétif, Guelma, Kherrata...de 1945 qui se sont soldés par le massacre de 45.000 Algériens pour avoir uniquement manifesté en faveur de leur indépendance. Une simple coïncidence? Peu importe, l'histoire a de ces retours de manivelle dont on ignore le secret. Cette fois-ci, le combat se situe sur un autre plan. Il s'agit de s'élever contre le racisme, l'antisémitisme et la stigmatisation à travers toute l'Europe. «En France, en Grande-Bretagne et dans sept autres pays d'Europe, ces leaders (juifs et musulmans, Ndlr) s'opposent, ensemble et unis, aux appels antimusulman, antisémite et racistes, qui, de plus en plus, s'insinuent dans le corps politique européen», a indiqué un communiqué du Congrès juif mondial. Dimanche, des juifs et des musulmans français se sont réunis au Centre communautaire juif de Paris «afin de s'exprimer ensemble contre la montée de Front national et d'exprimer le souhait que pas un seul musulman ni juif français ne soutienne ce parti lors de l'élection présidentielle de 2012», nous a-t-on appris. De son côté, l'organisation «Children of Abraham» (Les enfants d'Abraham, Ndlr) réunira, aujourd'hui, à la mosquée Aziziye de Londres, des musulmans et des juifs pour une prise de parole en faveur du «multiculturalisme modéré», qui a la particularité de constituer «une composante essentielle d'une Grande-Bretagne où des immigrés peuvent être intégrés avec succès dans la société sans être assimilés». Tout au long du mois de mai, des actions similaires seront organisées en Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Pays-Bas, Suisse et en Ukraine. Rappelons que cette initiative interreligieuse à l'échelle du Vieux Continent a été mise en oeuvre au mois de décembre 2010 à l'occasion de la première rencontre européenne de dirigeants musulmans et juifs à Bruxelles. «Nous organisons cet événement pour exprimer sans ambiguïté, que les citoyens juifs et musulmans de France sont unis dans l'opposition au Front national», a déclaré le rabbin Michel Serfaty, président de l'Ajmf (Amitié judéo-musulmane de France), parrainée par le Crif, le Consistoire et la Grande Mosquée de Paris. Si les efforts seront concentrés contre tous les partis xénophobes d'Europe, il faut remarquer que la formation politique de Marine Le Pen est essentiellement ciblée. Pourquoi? «Malgré les affirmations contraires, Marine Le Pen n'a pas changé d'un iota, les prises de position politiques racistes, islamophobes et antisémites de son père», a expliqué le responsable religieux. Nicolas Sarkozy, qui compte rempiler en 2012 et dont la politique d'immigration a épousé certaines thèses défendues par le Front national, devrait être une victime collatérale directe de cette initiative.