La police française a mené hier une opération dans les milieux islamistes, interpellant en région parisienne sept personnes, dont un Indien, soupçonnées de s'être rendues dans les zones de combat aux confins de l'Afghanistan et du Pakistan ou d'avoir envisagé de le faire. La «cible principale» est ce ressortissant indien, intercepté alors qu'il venait d'arriver d'Algérie, et décrit par une source proche de l'enquête comme ayant «des liens avec le Pakistan». La nature de ces liens n'a pas été précisée. Les six autres interpellations se sont notamment déroulées à Paris, Stains et Garges-lès-Gonesse, dans les banlieues nord-est et nord de la capitale française. Ces sept personnes doivent être interrogées durant une garde à vue qui peut être prolongée jusqu'à quatre jours, conformément à la législation antiterroriste. Selon des sources proches du dossier, ce coup de filet est lié à une enquête sur les filières jihadistes, consécutive à l'arrestation de deux Français au Pakistan en janvier. Certains interpellés sont soupçonnés d'avoir effectué des allers et retours vers la zone pakistano-afghane. Ils auraient été identifiés notamment à la faveur d'échanges sur Internet, a expliqué une source proche de l'enquête. Après la mort d'Oussama Ben Laden, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait dit craindre des «représailles» contre la France. Lundi, il a cependant estimé qu'il n'existait à ce jour «pas d'éléments précis, concrets, de menace précise, opérationnelle» d'attentat en France. De longue date, les responsables français du renseignement et de la lutte antiterroriste ciblent les jihadistes partis combattre les forces internationales en Afghanistan, comme la menace principale à l'intérieur des frontières. Jugeant vraisemblable «que les affiliés à Oussama Ben Laden seront tentés de le venger», Claude Guéant a récemment rappelé qu'«un certain nombre de Français sont allés se former au jihad en Afghanistan». Selon plusieurs responsables du renseignement, ils sont «quelques dizaines» et leur retour en Europe est surveillé de près. En octobre, les services américains avaient prévenu les Européens du probable retour d'«un groupe de 25 jeunes formés au combat». Un de ces Français, Ryad Hannouni, avait été interpellé à Naples en septembre avant d'être extradé en France fin novembre. Actuellement, ils seraient toujours «une vingtaine» de Français dans les camps jihadistes, avait confié au quotidien Le Monde Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). En 2010, la police française a interpellé 94 personnes «dans le cadre d'opérations judiciaires visant à démanteler des groupes terroristes», dont «36 ont été mises sous écrou», selon Claude Guéant.