Smaïl Mimoune veut se persuader de l'existence d'un flux touristique vers l'Algérie... Au lieu de mettre à niveau les circuits touristiques pour drainer les touristes fuyant les pays voisins suite aux derniers événements qui ont secoué le Maghreb, et attirer les visiteurs, les responsables algériens continuent dans le culte du satisfecit. Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme, invité hier de la Chaîne III parle d'un flux touristique vers l'Algérie qui connaît une croissance de 10% par an. Il dit que «c'est un bilan globalement positif mais que beaucoup reste à faire». Tout reste à faire, devrait-il plutôt déclarer. Comment veut-on attirer des touristes sans leur assurer les moyens d'un bon séjour? Comment veut-on que la destination Algérie rivalise, par exemple, avec la Tunisie, sans proposer des offres attractives? Les prix des services ne cessent d'augmenter alors que leur qualité ne suit malheureusement pas. Le ministre a indiqué que la plupart des touristes étrangers se dirigent vers le sud du pays. Pourquoi pas au nord? La baie d'Alger, classée deuxième au monde par sa beauté après celle de Rio de Janeiro, Brésil, ne peut-elle pas devenir attractive? «L'Algérie est présente dans la plupart des grands Salons mondiaux de tourisme pour attirer davantage de touristes étrangers», assure Smaïl Mimoune. «Nous voulons professionnaliser cette participation et conquérir de nouveaux marchés. Cela passe par la valorisation des atouts de la destination Algérie et par la promotion des opportunités d'investissement», a-t-il précisé. Ne faudrait-il pas d'abord essayer de garder sur notre territoire, les millions de touristes nationaux qui se déplacent chaque année à l'étranger à la recherche de vacances dignes de ce nom? Smaïl Mimoune a également reconnu l'existence d'un déficit en matière de structures d'hébergement. «Nous disposons actuellement d'une capacité de 90.000 lits. Nous avons fixé comme objectif d'avoir 70.000 lits supplémentaires en 2014. Des investisseurs étrangers réalisent actuellement des projets dans le domaine du tourisme pour un montant de 54 milliards de dinars. L'investissement national totalise 193 milliards de dinars. Des projets qui vont créer 75.000 postes d'emploi», a-t-il annoncé. Le déficit touche également la qualité, mais surtout la gestion. Les tour opérateurs algériens ne connaissent-ils pas la règle de base de la gestion touristique? Une chambre bradée vaut mieux qu'une chambre inoccupée. Car pendant la basse saison, les prix ne changent pas trop en Algérie. Or, même soldée, la chambre permet d'accueillir des genres divers de touristes et de les fidéliser. D'autre part, le ministre a soutenu qu'aux côtés des pays européens, la Chine et la Russie constituent des cibles prioritaires. Des tour-opérateurs chinois et russes sont d'ailleurs invités au prochain Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), qui ouvre ses portes le 18 mai courant à la Safex d'Alger. «Il y aura en tout dix-huit tour-opérateurs provenant aussi de marchés prioritaires pour la destination Algérie tels que l'Italie, la France, l'Espagne, l'Allemagne. Ils viennent également de marchés prometteurs tels que le Portugal, les Pays-Bas et la Pologne», a-t-il précisé. Le ministère du Tourisme a également invité 25 journalistes étrangers pour la couverture du salon et pour la découverte des potentialités de l'Ouest algérien. La bataille du tourisme ne se gagne pas dans les salons, mais sur le terrain. Le jour où les autorités le comprendront, sera-t-il peut-être trop tard? A propos, la destination Algérie existe-t-elle vraiment?