Il souligne l'absence de liaison entre les intérêts individuels et l'intérêt général qu'il qualifie d'individualisme étriqué. L'éminent chercheur en psychologie sociale, Slimane Medhar, et également écrivain, auteur de huit livres, a été avant-hier, l'invité du café littéraire de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri organisé toutes les deux semaines par Amirouche Malek. La rencontre a été marquée par la présence d'un public très au fait des questions psychologiques et sociales. Mais avant cela, Slimane Medhar avait fait une brillante intervention au cours de laquelle il s'est attardé sur le sujet de la violence sociale en Algérie. D'ailleurs, La Violence sociale en Algérie est le titre du livre le plus important écrit par Slimane Medhar qui en est à son troisième ouvrage aux Editions Tala. Lors de son intervention, Slimane Medhar a expliqué que le phénomène de la violence sociale est d'une complexité extrême et qu'il occupe l'ensemble de nos espaces. Pour M.Medhar, cette violence sociale n'est nullement sans raison. «Elle a une signification psychologique, elle n'est ni accidentelle ni gratuite», souligne le conférencier qui maîtrise parfaitement le sujet. Et d'ajouter que seule l'analyse scientifique de ce phénomène permet de le montrer. Le conférencier explique que c'est à cause de cette violence sociale que l'Algérien éprouve des difficultés pour atteindre le bien-être. Et d'enchaîner: «A cause de cette violence sociale, nous nous détruisons mutuellement à longueur de temps. Notre collègue de travail est considéré comme étant notre ennemi numéro un. Aucune confiance n'existe entre les collègues de travail. Nous les décourageons quand nous n'arrivons pas à les utiliser selon nos propres intérêts». D'après Slimane Medhar, cette violence sociale risque de mener vers une dissolution sociologique. Le chercheur a rappelé par quoi s'illustre globalement cette violence. Il parlera du bruit qui est devenu la norme, de l'utilisation de la voix haute en parlant, des gens qui crachent en marchant, de la façon assourdissante dont sont fermées les portes et les fenêtres, le célibat prolongé voire définitif, la saleté, la corruption, etc. Slimane Medhar a aussi mis en relief l'absence de liaison entre les intérêts individuels et l'intérêt général qu'il qualifie d'individualisme étriqué. L'orateur a déploré le fait que l'Algérien, aujourd'hui, ne cherche que le gain immédiat. En somme, a souligné l'intervenant, tout le monde est en proie à la violence et il y a ceux qui la subissent et ceux qui la pratiquent. Dans un tel contexte, ajoute l'invité de l'entreprise Emev, dès qu'on est correct, on est dans le meilleur des cas méprisé. «Notre prédisposition en faveur des nuisances nous empêche de tendre au renouvellement», indique Slimane Medhar. Lors des débats, la majorité des intervenants ont posé des questions au sujet des solutions que préconise le sociologue à ce tableau noir mais réaliste qu'il a dressé. Il répond qu'il n'existe pas de recette. «Si nous constatons que nous sommes partie prenante de cette situation, que chacun commence par contrôler son comportement. Aussi, c'est aux responsables de définir des solutions en faisant un effort pour prendre connaissance des recherches scientifiques réalisées dans le domaine». Slimane Medhar a reconnu que le système éducatif a un rôle à jouer mais il a insisté sur le fait que les éducateurs doivent eux-mêmes être à la hauteur d'une telle mission, en rappelant qu'après l'Indépendance, ce sont les exclus de l'école qui devenaient des enseignants.