Vu la différence de palmarès entre les deux côtés de la ville, il faudra des décennies pour que City s'approche de United en termes de prestige. Manchester est devenue l'incontestable capitale de l'Angleterre du football samedi avec la victoire de United dans le Championnat et celle de City en Coupe, un «doublé» qui annonce une intensification de la rivalité entre les deux clubs. «Je veux faire tomber Liverpool de son perchoir», avait annoncé l'entraîneur Alex Ferguson au début de son mandat d'un quart de siècle avec MU. L'entraîneur écossais avait à peine rempli son objectif samedi, grâce à un nul à Blackburn (1-1) qui donnait à son club son 19e titre, soit un de plus que les «Reds», que son homologue Roberto Mancini, fort de sa victoire sur Stoke (1-0) dans la finale de Wembley, lui lançait un défi du même type. «Nous avons écrit un petit morceau d'histoire, mais ce n'est qu'un début», a déclaré l'Italien après avoir brandi le plus vieux trophée du football grâce à un tir canon de Yaya Touré. L'Ivoirien mettait ainsi fin à une traversée du désert de 35 ans, qui durait depuis la victoire en Coupe de la Ligue en 1976. Vu la différence de palmarès entre les deux côtés de la ville, il faudra des décennies pour que City s'approche de United en terme de prestige. Seuls détenteurs du record des titres nationaux, les «Red Devils» ont aussi gagné onze FA Cup et trois Ligues des champions: un tableau de chasse à côté duquel celui de City fera pâle figure pendant encore longtemps avec ses deux Championnats, ses cinq Coupes et sa Coupe des coupes. D'autant que United semble prendre un malin plaisir à lui gâcher la fête en gagnant toujours plus gros que lui au même moment. Ainsi en 1968, MU avait éclipsé le titre national de City, le dernier à ce jour, en décrochant quelques jours plus tard la Coupe des clubs champions. Mais les ambitions des «Citizens» ne seront pas certainement prises à la légère à Old Trafford, où les supporteurs vont être contraints de retirer la banderole moqueuse qui égrenait le décompte des années de disette de leurs adversaires. Depuis l'arrivée du cheikh Mansour d'Abou Dhabi et de ses milliards, l'heure n'est plus à la condescendance envers le voisin, qui jouera pour la première fois la Ligue des champions l'an prochain. Le prince a déjà dépensé quelque 400 millions d'euros en trois ans pour faire venir des calibres comme Touré, David Silva, Mario Balotelli, Jerome Boateng ou encore James Milner et Edin Dzeko, et s'apprêterait à ouvrir de nouveau son portefeuille cet été pour ajouter au moins quatre joueurs de renom à un effectif déjà particulièrement complet. United aura du mal à suivre dans cette course aux armements car le club, propriété de la famille américaine Glazer, est plombé par une gigantesque dette évaluée à 700 millions de livres (un peu plus de 800 millions d'euros), ce qui s'est traduit par une certaine modération sur le marché des transferts ces dernières années. Pourtant, Alex Ferguson devra renouveler une partie de son groupe, à commencer par le gardien Edwin Van der Sar, qui prend sa retraite. Ryan Giggs et Paul Scholes, 37 ans tous les deux, ne vont pas rajeunir, et Rio Ferdinand est trop fragile pour être une assurance tout risque à long terme.