Les déclarations outrageantes de Ben Bella n'ont laissé personne indifférent. Invité au forum du quotidien Echaâb, le doyen des éditeurs algériens, Mohamed Tahar Raheb, a affirmé à L'Expression que l'ancien président Ahmed Ben Bella, a perdu la tête. «Ben Bella est sénile, ses dernières déclarations ne font que le prouver», a-t-il déclaré, ajoutant qu'«il aurait mieux fait de se taire car personne ne lui a demandé de parler de ses origines ou de ses parents. En plus, il veut s'approprier des faits d'armes qui n'ont jamais été les siens». M.Raheb, qui a à son actif plus de 60 ans d'édition, ne mâche pas ses mots assurant que l'interview de Ben Bella n'a aucun sens, «Ben Bella a dit n'importe quoi, ses déclarations n'ont ni queue ni tête.» L'homme qui a introduit l'édition en Algérie se demande comment une personne qui se sent étrangère, peut-elle devenir président de la République. «S'il se sent aussi marocain que cela, alors pourquoi a-t-il accepté d'être le président de l'Algérie?», s'interroge encore M.Raheb. «L'actualité est riche en sujets beaucoup plus intéressants que ces aberrations qu'il a relatées!», peste-t-il. Mohamed Tahar Raheb va encore plus loin en arguant que «tout le monde sait d'où vient Ben Bella et qui l'a catapulté au pouvoir!» De ce fait, il lui demande d'arrêter de demander des comptes, «parce que si compte il y a, il faudra commencer par faire celui des années qu'il a passées au pouvoir». Cette réaction du doyen des éditeurs, fait suite à l'interview que Ben Bella a accordé au magazine Jeune Afrique. En effet, il y a quelques jours l'ex-président de la République algérienne a fait des déclarations graves et outrageantes à l'encontre des héros de la Révolution, au point de provoquer le mécontentement général. Du haut de ses 94 ans, il s'est donné en spectacle d'une manière déplorable dans une confession faite à l'envoyé spécial de l'hebdomadaire Jeune Afrique, Renaud de Rochebrune. M.Ben Bella a soutenu qu'il est le seul penseur, concepteur et acteur de la guerre de Libération nationale. Tous les autres héros de cette Révolution, ne sont que des figurants et ne comptent pas pour Ahmed Ben Bella qui a avoué, dans le même entretien, que son père et sa mère étaient des Marocains. M.Ben Bella s'est également attaqué violemment à Hocine Ait Ahmed, Abane Ramdane et Boudiaf. Dans le même registre, le Dr. Slimani, professeur en histoire à l'Université d'Alger, admet que même si Ben Bella a eu un rôle dans la révolution. Il n'a jamais été l'instigateur. «Je pense que c'est dû à l'âge mais surtout à un excès de fierté et d'arrogance. C'est peut-être de la mégalomanie», dit-il. Pour lui, même si Ben Bella a été un grand révolutionnaire, il a commis beaucoup d'erreurs. Parmi elles: «Adopter le socialisme en lieu et place du libéralisme, discriminer l'élite du pays, renvoyer les pieds-noirs, traiter les affaires de l'Etat et les auteurs de la révolution avec beaucoup de calcul. Même Bachir El Ibrahimi n'a pas échappé aux mains de Ben Bella, qui l'a mis en prison». Il lui reproche également que ce soit l'armée des frontières qui ait pris le pouvoir sans essayer de trouver un accord avec la famille révolutionnaire. Mais la plus grande faute qu'il a commise «c'est d'avoir giflé au Maroc Benyoucef Benkhedda, Président du troisième Gpra, c'est inadmissible». Enfin, le Professeur Slimani est revenu sur le thème de ce forum «Les cultivés pendant la guerre de révolution», en mettant en exergue leur génie.