Il faut dire que le courant n'est jamais vraiment passé entre Berbatov et Rooney, l'Anglais et le Mexicain s'entendent, eux, comme des frères et ne tarissent pas d'éloges l'un pour l'autre. Arrivé presque incognito du Chivas Guadalajara l'été dernier, le jeune Mexicain Javier Hernandez n'a mis que quelques mois pour se rendre indispensable à la pointe de l'attaque de Manchester United, où il forme désormais avec Wayne Rooney un des duos les plus redoutables d'Europe. D'abord censé jouer le rôle d'aiguillon pour l'avant-centre anglais et pour l'autre star des «Red Devils» Dimitar Berbatov, le temps d'apprendre le métier, «Chicharito», ou «petit pois chiche», a brûlé les étapes. Et il ne fait aucun doute que samedi, face au FC Barcelone, c'est lui, et non le Bulgare, pourtant meilleur buteur de la Premier League, qu'Alex Ferguson alignera aux côtés du génial rouquin. Il faut dire qu'alors que le courant n'est jamais vraiment passé entre Berbatov et Rooney, l'Anglais et le Mexicain s'entendent eux comme des frères et ne tarissent pas d'éloges l'un pour l'autre. «Wayne est sans aucun doute un des attaquants les plus forts du monde. Sa frappe est meilleure que celle de Messi et de la tête il joue mieux que Cristiano Ronaldo. C'est la grande classe», dit Hernandez, qui se décrit comme «une éponge» s'imprégnant de l'expérience de ses coéquipiers. «Chicharito? C'est l'affaire du siècle. Et en plus un très chic type», répond Rooney, qui «adore» jouer avec le Latino-Américain. Une trouvaille en effet que ce joueur de 23 ans, fils et petits-fils d'internationaux mexicains, acquis pour 7 millions de livres (8 millions d'euros), une somme bien modeste si on la compare aux 50 millions (57,5 millions d'euros) déboursés par Chelsea pour s'offrir Fernando Torres. Ironie du destin, c'est grâce à une blessure de Rooney au coeur de l'automne que «Chicharito», le nom qu'il a fait imprimer sur son maillot, a changé de statut après avoir naturellement commencé la saison en tant que remplaçant. Pendant que la star, officiellement touchée à une cheville, s'occupait de mettre en scène un vrai faux départ dans le but d'obtenir une énorme augmentation de salaire, Hernandez marquait des buts décisifs et spectaculaires, ou parfois les deux, comme cette frappe de l'arrière du crâne contre Stoke, qui figure en bonne place dans le «best of» de la saison. Comme Berbatov dans le même temps ne déméritait pas, c'est la place de titulaire de Rooney qui a paru un moment menacée par l'émergence du Mexicain. Mais Ferguson, loin de s'inquiéter d'un éventuel casse-tête à résoudre, voyait naître la promesse d'une fructueuse entente entre deux joueurs plus complémentaires que concurrents. Dès les semaines suivantes, il replaçait Rooney légèrement en retrait, dans une position où ses deux principales qualités, la vision du jeu et la précision des passes, s'expriment à plein, surtout avec un partenaire aux courses aussi rapides et variées qu'Hernandez. «Chicharito est un «crack». Il bouge, il s'éloigne de l'action, il revient, il joue dans l'espace comme personne», souligne l'entraîneur du Barça, «Pep» Guardiola. Le pari tactique de l'Ecossais a fonctionné au-delà de toute espérance. «Chicharito», très efficace devant la cage, a fait grimper son total de buts à vingt, dont quatre en Ligue des champions. Quant à Rooney, s'il a moins marqué (15 buts contre 34 en 2009-2010), son total de passes décisives en a augmenté d'autant (11 contre 5 en Premier League seulement). Moins attendu que la paire Rooney-Ronaldo d'il y a deux ans, l'attelage Rooney-Hernandez réussira-t-il à déstabiliser la défense du Barça? Réponse, samedi soir à Wembley.