La délégation sudiste était attendue hier à Khartoum où elle doit rencontrer le vice-président nordiste, Ali Osman Taha. Une délégation de responsables sudistes s'est rendue hier à Khartoum pour des discussions avec le pouvoir central nordiste destinées à «désamorcer les tensions» autour d'Abyei, une semaine après la prise par l'armée nordiste de cette région disputée. «Une délégation de haut niveau, menée par le vice-président (du gouvernement semi-autonome sud-soudanais) Riek Machar, est allée à Khartoum», a annoncé Mangar Amerdid, porte-parole de la présidence à Juba, capitale du Sud-Soudan. «Cette visite fait partie des efforts déployés pour normaliser les relations, désamorcer les tensions et améliorer la situation à Abyei», a-t-il expliqué. «C'est une mission importante, sur un sujet très important, nous espérons qu'elle recevra un bon accueil». La délégation était attendue hier à Khartoum où elle doit rencontrer le vice-président nordiste, Ali Osman Taha. Cette visite surprise intervient le jour-même de la reprise attendue à Addis-Abeba des négociations sur Abyei entre le Parti du Congrès national (NCP) du président nordiste Omar el-Béchir et le SPLM, le Mouvement populaire de libération du Soudan au pouvoir au Sud. Sous la supervision de l'Union africaine, ces discussions se situent à un niveau plus technique et doivent étudier six propositions de l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki. Vendredi, un haut responsable NCP a affirmé que le Nord restait «ouvert» à la négociation, au lendemain d'une déclaration du président sudiste Salva Kiir qui, tout en exigeant le retrait inconditionnel des nordistes d'Abyei, a assuré ne pas vouloir retourner à la guerre. Le 21 mai, les Forces armées du Soudan (SAF, nordistes) avaient pris le contrôle d'Abyei et s'étaient déployées jusqu'à plusieurs kilomètres plus au sud, en violation des accords de paix qui avaient mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord musulman et le Sud chrétien. Cette avancée a provoqué la fuite vers le sud, en zone sous contrôle de l'armée sudiste, de 30.000 à 40.000 déplacés -en majorité des Sudistes de la tribu Dinka Ngok- dont beaucoup restent cachés dans la brousse par peur des bombardements aériens nordistes, selon l'ONU. Selon les sudistes, ce sont plus de 150.000 personnes qui ont fui Abyei et ses environs, mais ce chiffre n'a pas été confirmé de source indépendante. Abyei «est désormais une ville fantôme», où seuls sont présents «les SAF et les milices Misseriya», a indiqué un porte-parole de la mission de l'ONU. Alors qu'ils démentaient jusqu'à présent toute présence sur place, ces Misseriya, nomades alliés au pouvoir nordiste et au coeur de la querelle d'Abyei, ont reconnu vendredi leur participation aux récents combats. «Nous n'évacuerons pas Abyei, même si les SAF se retirent. Notre tribu ne reconnaît désormais que la situation actuelle», a prévenu un leader Misseriya, Ismail Mohamed Yusuf.