A l'embouchure de la Tafna à deux kilomètres plus au Sud toujours au bord de la rivière, est là, présente, mais silencieuse, l'antique cité numide Siga, capitale du royaume de Syphax (205 av. J-C). Le site de cette vieille ville déchue il y a plusieurs siècles est très peu connu. Il est pour quelques rares spécialistes seulement, car le site, en friche couvert de terre rabougrie par endroit ou cultivé de l'autre, ne laisse apparent, de nos jours encore, que très peu de vestiges. La mémoire archéologique de cette antique cité est en effet, en grande partie aujourd'hui enfouie sous le sol. C'est à la suite de découvertes fortuites effectuées au cours de travaux agricoles que le site fut reconnu et localisé, il y a plus de cinquante années. De nombreuses pièces dont notamment des stèles funéraires portant le signe de Tanit, divinité punique, ont été mises au jour et entreposées aux musées de Tlemcen et d'Oran. A Siga d'autres traces d'aqueducs ou de bassins sont encore visibles. Loin de là sur l'île de Rachgoum ou Acra les vestiges d'une antique nécropole punique sont toujours présents. Siga était avec Carthage une des villes les plus prestigieuses du Bassin méditerranéen. En Algérie, d'autres sites de cités antiques datent de la même époque dont Cirta. L'importance archéologique de Siga est constituée également par le mausolée royal des Massaesyles. Ce mausolée n'a pas été épargné par les profanations. En attendant un réel effort de mise en valeur et de restauration des vestiges, Siga reste toujours dans son oubli millénaire. Siga aura fait en 1978 pour la première fois l'objet de fouilles archéologiques systématiques. C'est avec la collaboration de chercheurs du musée de la Rhénanie (Allemagne fédérale) et de l'institut allemand d'archéologie de Rôme qu'un chantier a été ouvert. C'est lors de deux campagnes que furent découverts des vestiges d'une grande importance pour la connaissance du passé de l'ancienne capitale du roi Syphax. Son site, resté vierge, offre à la recherche des possibilités énormes de découvertes. Siga, pour les chercheurs, continue à revêtir le caractère d'un site très précieux, surtout à un moment où il est grandement question de réappropriation de notre identité historique et culturelle. La découverte de pièces de monnaie de l'époque almohade, ajoutée aux nombreuses découvertes reflétant à merveille l'époque numide, traduisent, on ne peut mieux, l'indifférence affichée par la France coloniale. L'intérêt de ses nombreux archéologues et historiens était accaparé, il est vrai, par la recherche et la mise en valeur du patrimoine de la romanité. Siga et d'autres sites puniques prendront, cependant, une éclatante revanche, en 1979, à l'occasion d'une exposition intitulée «Cavaliers et rois numides» organisée à Bonn (Allemagne fédérale).