Le ministre des Transports Amar Tou recevra les représentants des cheminots, aujourd'hui, pour tenter de juguler la crise. «Non! Vous ne pouvez pas y accéder», dit l'agent de sécurité à un passager, à l'entrée de la gare ferroviaire de l'Agha, à Alger. «Je suis pressé, je dois me rendre à Oran», objecte le jeune homme. Réponse de l'agent: «Vous n'avez qu'à vous y rendre par un autre moyen de transport. Aujourd'hui (hier), nous sommes en grève. La gare est fermée!» Le passager rebrousse chemin, bredouille. Il règne un silence inhabituel à l'intérieur de la gare. Les quais sont presque déserts. Les trains refusent de siffler. Ils boudent les rails. La raison est simple: les conducteurs sont en grève. Ce débrayage pose, cependant, un dilemme. Il a été question de la section syndicale des dépôts d'Alger. Cette section fait partie de la Fédération des cheminots, affiliée à l'Ugta. Seulement, cette dernière s'est démarquée du débrayage. «Il est vrai que nous nous étions mis d'accord pour lancer cette grève. Cependant, le ministre des Transports nous a invités à une réunion demain (aujourd'hui). A partir de là, nous avons décidé de surseoir à la grève», déclare Abdelhak Benmansour, secrétaire général de la section syndicale des cheminots de l'Agha, rencontré sur les lieux. Il précise que les suites à donner aux événements dépendent de la réponse du ministre des Transports, Amar Tou, à leurs doléances. «Dans le cas où ses réponses sont en deçà de nos attentes, nous entrerons en grève, à l'échelle nationale, à partir de minuit», souligne-t-il. Le ministre est sur la sellette. Il est tenu de faire des propositions concrètes aux revendications des cheminots. Le cas échéant, le transport ferroviaire sera paralysé dans tout pays. La tutelle est inquiète. Cette inquiétude se lit sur le visage de Noureddine Dekhli, directeur des ressources humaines à la direction nationale de la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf). «Nous aurions aimé que cette grève ne se tienne pas. Surtout que nous sommes en négociations avec les fédérations des cheminots», confie-t-il, rencontré au siège de la direction nationale de la Sntf. Il avoue que 50% des trains sont, actuellement, actifs au niveau de la région d'Alger. «Cette région compte 35 trains», précise-t-il. Qu'en est-il des grandes lignes? «Elles, sont fonctionnelles», signale M.Dekhli. Et ce dernier de s'étaler sur les négociations menées entre la tutelle et les cheminots depuis le 19 février dernier. «Nous avons reçu leur doléances. Ces doléances font état de tractations en vue de leur satisfaction», dit-il. Le hic est que ces négociations font des mécontents: les conducteurs. «Elles reposent sur une plate-forme qui ne prend pas en considération les primes spécifiques aux conducteurs», révèle Sid Abdelkader, interrogé à l'entrée de la direction du dépôt d'Alger. Ces trois sons de cloche convergent vers un même point: si cette situation perdure, la Sntf risque de dérailler...