D'après l'article 67 de la Constitution française, le président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité. Me Jacques Verges et Me Roland Dumas, deux éminents avocats français connus pour leur dévouement aux causes justes, décident de porter plainte à l'encontre du président Nicolas Sarkozy pour crime contre l'humanité en Libye. Les deux célèbres avocats ont annoncé dimanche à Tripoli qu'ils comptaient déposer plainte contre le président français, lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle un représentant du ministère de la Justice libyen, Ibrahim Boukhzam, annoncera que les deux avocats sont volontaires pour soutenir les familles des victimes des bombardements de l'OTAN. Lors de cette conférence Me Dumas, ancien ministre socialiste, ne manquera pas de dénoncer les dépassements de l'Otan en soulignant qu'il était stupéfait de constater que la mission de l'Otan qui vise à protéger les civils est en train de les tuer, en soutenant que «c'est une agression brutale contre un pays souverain», tout en affirmant qu'il était prêt à défendre le colonel El Gueddafi au cas où il serait jugé par la Cour pénale internationale, mais dira dans ce contexte: «Je ne pense pas que cela se produira, néanmoins, depuis la mi-mai, le chef d'Etat libyen et deux de ses proches sont menacés par des mandats d'arrêt, réclamés par le procureur de la CPI». Me Vergès, dans le même ordre d'idées, a qualifié les Etats membres de l'Alliance atlantique d'assassins, en tirant à boulets rouges sur le gouvernement français en indiquant que «l'Etat français est conduit par des voyous et des assassins». Me Vergès enchaine: «Nous allons briser le mur du silence.» Les deux avocats témoignent avoir vu plus de 20.000 victimes dans un hôpital de la capitale à Tripoli. On confirme que les poursuites judicaires seront mandatées par des familles de victimes, et se feront devant les tribunaux français. Le déplacement des deux avocats était dans le but de constituer un dossier judiciaire au nom des victimes des frappes de l'Otan, qui mène des opérations militaires depuis deux mois en Libye et bombarde à outrance, sans prendre en considération la résolution de l'ONU établie à l'initiative de la France officielle permettant une intervention militaire coalisée. Ce ne sont pas moins de 15 pays dont des Etats arabes qui se sont unis contre le peuple libyen. Les opérations relayées ensuite par l'Otan n'ont fait que compliquer la situation. À ce propos, l'ancien chef de la diplomatie française souligne: «L'Otan poursuit ses actions militaires contre les civils avec une couverture artificielle, très artificielle de l'ONU.» Jacques Vergès, lui, a déclaré avoir pour but de «démasquer les assassins», ajoutant avoir versé des larmes lors de sa visite à l'hôpital. C'est dire que l'année 2011 a été tout simplement apocalyptique pour la classe politique française dans son ensemble; de la gauche traditionnelle à la droite classique en passant par les courants innovateurs qui éprouvent des pires difficultés à s'imposer médiatiquement sur un terrain miné. Elle est «bourrée» de scandales et d'affaires mal assumées. Tout au début, cela a commencé avec l'ex-ministre des Affaires étrangères prise en flagrant délit de fréquentation risquée avec le régime de Benali et ça continue avec la plainte déposée récemment par les avocats Jacques Verges et Roland Dumas contre le président français en personne, qu'ils accusent de crimes contre l'humanité. Aux yeux d'un juriste français habitué à ce genre d'affaires, «elle n'est tout simplement pas possible». Ce même juriste déclare qu'«on peut toujours déposer une plainte mais elle sera déclarée irrecevable immédiatement par le procureur car celle-ci concernerait un acte commis dans le cadre de la fonction de président ou chef de l'Etat. Or, d'après l'article 67 de la Constitution française, il y a une irresponsabilité pour des actes de ce genre. «Le président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité», précise l'article. Les actes en cause, étant clairement rattachés à la fonction de chef des armées, il n'y a pas de doute quant à l'irrecevabilité». Quoi qu'il en soit, même au cas où, juridiquement, les familles des victimes des frappes de l'Otan ne seraient pas en mesure d'inquiéter Sarkozy, la stature mondiale des avocats, Vergès qu'il est inutile de présenter, et Roland Dumas, un ancien ministre français des Affaires étrangères, est largement suffisante pour donner à cette affaire une dimension internationale. Ajoutée aux scandales provoqués autour de DSK et Georges Tron, cette affaire reflète dans une grande mesure l'état de délabrement d'une classe politique engagée pleinement dans une bataille farouche pour la présidentielle de 2012.