Une plainte au nom des familles libyennes sera déposée devant les tribunaux français contre Nicolas Sarkozy pour “crimes contre l'humanité en Libye” par les deux avocats, qui auraient réuni les preuves nécessaires. L'avocat Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères sous Mitterrand, et le célèbre Me Jacques Verges ont effectué une visite remarquée de deux jours à Tripoli. Leur séjour, qui devait prendre fin hier, a été ponctué de déclarations fracassantes mettant en cause tout à la fois le président français Nicolas Sarkozy et les pays de l'Otan engagés dans les opérations militaires en Libye. Ils ont annoncé dimanche, à partir de la capitale libyenne, qu'ils allaient déposer une plainte contre le président français pour “crimes contre l'humanité en Libye”. Selon les officiels libyens, les deux avocats se sont portés “volontaires” pour appuyer une plainte des familles des “victimes des bombardements de l'Otan” contre le locataire de l'Elysée, qui a joué un rôle moteur dans l'engagement militaire de la coalition occidentale au pays de Kadhafi. Roland Dumas a dit avoir vu plusieurs victimes des bombardements aériens à l'hôpital et qu'il y en aurait jusqu'à 200 000, selon une source hospitalière. “Les deux avocats vont porter plainte au nom des familles libyennes devant les tribunaux français”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères de Kadhafi lors d'une conférence de presse tenue en présence de ces familles, qui ont donné procuration à Me Roland Dumas et à Me Jacques Verges pour ce faire. Roland Dumas a dénoncé “une agression brutale contre un pays souverain” et s'est dit “stupéfait de constater” que la mission de la coalition occidentale “qui vise à protéger les civils est en train de les tuer”. Il a en outre indiqué qu'il est prêt à assurer la défense du colonel Kadhafi s'il devait être jugé par la Cour pénale internationale. Maître Verges a été plus radical encore. Il a qualifié les pays de l'Alliance atlantique d'“assassins”, avant de s'en prendre à un “Etat français conduit par des voyous et des assassins” et d'assurer qu'ils allaient, lui et Roland Dumas, “briser le mur du silence”. Les deux hommes, dont on ne sait pas s'ils ont rencontré Mouammar Kadhafi, ont indiqué qu'ils allaient entamer les procédures juridiques à l'encontre du président français dès leur retour à Paris. Certes, l'initiative des deux avocats a davantage un portée politique et médiatique que juridique, mais elle a le mérite de casser l'unanimisme installé autour d'un conflit qui n'a pas encore livré tous ses secrets et ses motivations, et qui a déjà provoqué un drame humanitaire. Dans un passé récent, ils se sont illustrés en se rendant en Côte d'Ivoire pour soutenir, à contre-courant de l'opinion générale, Laurent Gbagbo dans sa tentative désespérée de se maintenir au pouvoir. Si Roland Dumas a eu une carrière sans histoires, exception faite d'un scandale politico-financier qui l'a traîné devant la justice il y a quelques années, Me Verges est, lui, célèbre à travers tous les barreaux du monde pour avoir défendu des dossiers très politiques et très médiatiques. De la défense des militants du FLN en pleine guerre d'Algérie à celle de Klaus Barbie, surnommé le boucher de Lyon au cours de la Seconde Guerre mondiale, en passant par sa disponibilité à défendre Saddam Hossein, “le salaud lumineux” ne laisse jamais personne indifférent. À la question de savoir si les deux célèbres avocats attendent une contrepartie financière à leur engagement auprès des victimes civiles libyennes, Roland Dumas a simplement répondu qu'ils travaillent “comme avocats”.