La politique est évolutive et change en fonction des hommes qui la conduisent d´une part, et de l´environnement social dans lequel elle se meut, d´autre part. Par ailleurs, l´alternance au pouvoir, ou la mobilité au niveau du leadership politique est l´une des conditions sine qua non de la démocratie et de la bonne gouvernance. Cela pour dire que la magistrature suprême d´un pays, le fonctionnement des partis politiques ne sont pas, et par définition, ne peuvent pas être la «propriété» de leur leader du moment et ces postes de direction sont soumis périodiquement au scrutin national et partisan. Or, on ne dirige pas un Etat, un parti politique, comme si c´était des biens personnels ou encore des sectes ou des gangs avec à leur tête des chefs cooptés pour l´éternité. C´est pourtant l´impression que donne un champ politique national paralysé et sans imagination, incapable d´initiative, inapte à voir loin au-delà d´hommes devenus icônes de leur vivant. Qui n´avance pas recule. Or, la stagnation, pour ne pas dire la régression, que connaît l´Algérie depuis quelques années est notamment due à cette absence d´alternative de pouvoir et d´alternance des hommes de pouvoir. Ceux qui militent pour la révision de la Constitution au prix d´un retour en arrière et d´une remise en cause d´avancées durement acquises - comme ceux qui plaident pour la poursuite du mandat de M.Aït Ahmed à la tête du FFS loin de servir l´Algérie ou le parti sus-cité, ne voient pas plus loin que les intérêts immédiats engrangés dans le sillage d´hommes charismatiques qui ont su faire l´unanimité autour d´eux. Or, en dépit de leur charisme, ces leaders restent des hommes soumis aux impératifs de la vie - comme la maladie, l´âge, qui les diminuent physiquement et psychologiquement - et ont dès lors, eux aussi, besoin d´un repos bien mérité après des décennies au service du pays. Les problèmes de l´Algérie sont dus au fait qu´elle a eu des hommes exceptionnels, à l´instar de MM.Bouteflika et Aït Ahmed, des hommes qui, par leur envergure, ont cependant caché le vide qui existe au niveau de l´Etat ou du parti du FFS. Les mutations que la société algérienne a connu ces dernières années aux plans politique et social appelaient pourtant à une vision plus en phase avec ces changements. Cependant, au fil des ans, ces leaders qui sortaient du rang ont été l´arbre qui cachait la forêt et ont largement contribué à créer ce vide politique aujourd´hui dommageable au devenir même du pays. Or, cette vision égotiste du pouvoir ne sert en rien les intérêts de l´Algérie. Dès lors que d´aucuns se plaignent d´un manque flagrant de véritables hommes d´Etat - comme n´a cessé de le faire remarquer le premier magistrat du pays - capables de prendre en charge les affaires du pays, le problème ne se pose plus en termes de personnes mais constitue une question vitale. Or, l´Algérie n´a pas su, au cours des ans, produire les hommes et les femmes aptes à assurer la relève de ceux qui ont oeuvré ces dernières années, au niveau de l´Etat et ou des partis, à forger le devenir de la nation. Aujourd´hui l´Algérie n´a pas besoin de parrains, elle a surtout besoin d´hommes capables de la servir.