Depuis hier se réunissent au Canada, à Toronto, les pays riches et les pays dits émergents. Il y sera question de finance et d´économie. Au Canada se retrouvent en fait les 19 pays, plus l´Union européenne, qui comptent dans le domaine du développement global et constituent la locomotive de la croissance économique mondiale. Notons la place congrue occupée par l´Afrique représentée par la seule Afrique du Sud, contre cinq pays américains, cinq européens (plus l´UE), cinq asiatiques, la Turquie, l´Arabie Saoudite et l´Australie. On remarquera que les trois grands continents sont équitablement représentés, sauf, à l´évidence, le Continent noir. Mais, faut-il en vérité s´en étonner? Il nous semble que non, l´Afrique n´ayant pas su ou voulu se prendre en charge, pour qu´il en soit autrement par l´exploitation de manière rationnelle de ses richesses qui sont énormes mais n´ont été d´aucun apport à un décollage économique remis d´une année à l´autre à des jours meilleurs. Si, aujourd´hui, l´Afrique du Sud est le seul délégué du Continent parmi les «puissants» du monde, cela n´est pas dû au hasard, mais au seul fait que les Sud-Africains ont travaillé pour donner à leur pays la dimension qui est la sienne en tant que première puissance industrielle et économique africaine. Une réalité qui ne peut être niée, d´autant que les dirigeants de l´après-apartheid, ont continué à oeuvrer avec la même volonté de maintenir l´Afrique du Sud dans l´axe du développement tous azimuts appuyé par une gouvernance dynamique et ouverte, une bonne vision économique soutenue par une réelle liberté syndicale, conditions sine qua non pour conquérir une place dans une économie mondiale atrophiée. Pourtant, cela n´aurait pas été suffisant si en Afrique du Sud les libertés ne se conjuguaient pas au pluriel et les droits de l´homme une réalité, en tout état de cause moins malmenés qu´ils ne le sont ailleurs en Afrique. Tous ces paramètres qualifiant cet Etat de pays émergent. Qu´en est-il d´Etats africains devenus soit des «monarchies» héréditaires, soit la «propriété», de dirigeants à vie, où l´alternance politique n´a plus de sens? Plus, les quelques tentatives d´ouverture faites ici et là en Afrique, sous la poussée des événements, ont vite été remises en cause, comme la périodicité de la mandature à la magistrature suprême, annulée peu à peu par les pays africains qui en avaient fait le socle de la restauration de la démocratie et leur entrée de plain-pied dans le développement véritable qui profiterait à la nation et au peuple. Cela n´a été au final que velléitaire, nombre de pays étant revenus à une autocratie sans impact sur la bonne gouvernance, les droits de l´homme, les libertés collectives et le droit syndical. Tout cela fait que l´Afrique se suffit des strapontins que les G8-G20 veulent bien lui offrir en y invitant des leaders africains le temps d´une photo, sans que ceux-ci puissent discuter des problèmes réels du continent qui font obstacle à son développement. Mais l´Afrique, c´est d´abord les Etats qui la constituent. Il sont 53 (en comptant les pays membres de l´ONU) et un seul à réussi à atteindre un niveau de développement qui rend sa présence incontournable à tout débat sur la croissance de l´économie mondiale. Pourquoi seulement l´Afrique du Sud, alors que de nombreux pays africains - à l´instar de l´Algérie, du Nigeria, de la RD Congo, de l´Egypte - disposent du même potentiel permettant leur développement global, mais qui se sont laissés enfermer dans de faux problèmes ou dans des guerres fratricides, qui ont parasité tous les efforts consentis? La conséquence en est la fuite des cadres et des cerveaux africains, l´amoindrissement de l´investissement, le vieillissement d´un tissu industriel inadapté et une économie sclérosée. Ceci explique que le G20 tienne ses assises en l´absence d´une présence conséquente de l´Afrique.