Beaucoup de partis politiques attendent leur agrément depuis des années, d´autres, dont personne ne se rappelle le nom, reviennent cycliquement sur la place publique, à l´occasion de scrutins présidentiels ou législatifs, «activent», plutôt n´activent pas ou plus, sans autrement embarrasser les autorités publiques. Ainsi, de l´aveu même du ministre de l´Intérieur, M.Ould Kablia, au moins la moitié des partis, actuellement agréés, n´auraient pas existé si la loi avait été appliquée. Cet aveu a été fait lors de la conférence de presse qu´anima mercredi dernier M.Ould Kablia, après la réunion avec les walis. On en apprend ainsi de belles, comme quoi la loi, supposée applicable à tous, peut ne pas l´être pour tous. Or, il fallait appliquer la loi, rien que le loi, en partant du principe que l´administration, neutre par nature et au-dessus de toute contingence politicienne, n´a à prendre en compte que la réglementation à l´exclusion de tout autre éventualité. Une telle procédure aurait, à tout le moins, permis la décantation d´un espace politique encombré par des parasites qui faussent la donne politique et brouillent l´image d´une classe politique dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants, ni en fait qui est qui. C´est ainsi que des dirigeants de partis, qui n´ont plus donné signe de vie depuis des lustres, ont réapparu, ressuscités politiquement, au détour d´une consultation en vue des réformes envisagées. On peut donc supposer que cette «moitié» de partis qui n´aurait pas dû être, doit son existence à des largesses qui n´ont rien à voir avec la loi et les règlements en vigueur. A l´évidence, cela pose maints questionnements quant aux critères qui président à l´acceptation d´un parti politique et au rejet d´un autre dès lors que la loi peut ne pas être d´un grand secours et/ou n´est pas toujours le paramètre le plus approprié pour ce faire. Or, ces faits du prince, posent problème dès lors qu´ils induisent une discrimination dans l´appréciation des dossiers des partis politiques où la loi peut ne pas jouer le rôle qui est, qui doit être le sien. Il ne s´agit pas dès lors d´une question du deux poids, deux mesures, mais bien de question politique du moment que les critères édictés par la loi pour l´approbation d´un parti politique peuvent ne plus être opportuns ou suffisants. Ce qui donne lieu à des manipulations qui n´avaient pas lieu d´être. C´est cela qui met l´administration en porte-à-faux alors qu´elle devrait être exempte de tout soupçon car, outre d´être au-dessus de la chose politique, elle se devait de garder la confiance des citoyens ainsi que celle des hommes politiques, en faisant accompagner l´éventuel rejet d´agrément de partis politiques ou d´association à caractère social (ONG) d´une explication claire et fondée sur la loi. Nous entrons de fait de plain-pied dans l´exercice de la bonne gouvernance qui, selon l´application des lois, induit la démocratie ou l´autocratie. En effet, il ne saurait y avoir d´Etat de droit si les lois de la République sont à géométrie variable et applicables selon le rapport de force, supposé ou réel, ou encore violées par ceux-là mêmes censés les protéger et les appliquer ou, pis, quand ceux qui conduisent les affaires de l´Etat ne font pas cas des lois de la République ou les ignorent quand elles ne les arrangent pas. Dès lors, il est loisible de supputer à l´infini sur la révélation du ministre de l´Intérieur, selon lequel nombre de partis n´avaient pas leur place dans l´espace politique national. Or, l´axiome, qui s´impose à tous, surtout aux gouvernants, est sans équivoque et sans ambiguïté, qui dit bien que la loi, c´est la loi et nul n´est censé ignorer la loi. Aussi, le crédit d´un Etat, de sa gouvernance, se reflète-t-il prioritairement dans l´application qu´il fait des lois qu´il promulgue.