Financer le futur Etat palestinien! C´est à l´évidence tout un programme. C´est du moins l´ambition que s´est assignée la France qui organise la conférence des donateurs pour un «futur Etat» palestinien. L´intitulé de la conférence lui-même, suggéré par Paris, se voulait un gage pour le succès d´une réunion importante (financièrement) pour les Palestiniens qui espèrent engranger 5,6 milliards de dollars, mais sans doute surtout politiquement. En effet, avoir l´argent, c´est bien, donner un début de concrétisation à l´Etat palestinien, c´est mieux. S´il existe un consensus international autour de la nécessité de la création de l´Etat palestinien, reste néanmoins en question, sa mise en oeuvre alors que le statut de cet Etat, ses frontières, le sort de Jérusalem-Est, notamment, demeurent en suspens. Cela est dû plus à l´absence d´un véritable engagement pour la paix de la part d´Israël et à l´ambivalence dont fait montre la communauté internationale qui s´est interdit, jusqu´ici, de faire pression sur l´Etat hébreu pour l´amener à prendre et assumer ses responsabilités dans le processus de paix israélo-palestinien. En effet, au moment où plus de 90 pays et organisations internationales se rencontrent à Paris pour réunir la somme indispensable pour permettre à l´Autorité palestinienne de mettre en route les institutions de son futur Etat, Israël continue, encore et toujours, à souffler le chaud et le froid. Ainsi, au lendemain même de la conférence d´Annapolis (Etats-Unis) du 27 novembre, Israël a lancé un appel d´offres pour la construction de nouveaux logements dans le quartier de Har Homa à Jérusalem-Est. Au moment où s´ouvre la conférence de Paris, le gouvernement israélien annonce la reprise des travaux controversés sur l´Esplanade des Mosquées, alors que se poursuit l´expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie. Ces actions ne peuvent être considérées comme des gages de paix de la part d´Israël qui ne peut prétendre avoir la paix et la terre. C´est l´un ou l´autre, sûrement pas les deux. Les décennies de guerre sont là pour le rappeler. Dès lors, il appartenait au Conseil de sécurité de trancher cette question -qui conditionne en vérité l´existence du futur Etat palestinien par la délimitation de ses frontières, notamment par le retour à la ligne verte d´avant le 7 juin 1967- en exigeant d´Israël de se mettre en conformité avec la résolution 242 de juin 1967. Les négociations entre Palestiniens et Israéliens n´aboutiront jamais si on laisse aux Israéliens -qui n´ont cessé de fractionner les territoires palestiniens occupés- le soin de décider seuls de l´assiette du futur Etat palestinien. Aussi, la question des frontières de l´Etat palestinien, qui conditionnera l´existence même de cet Etat, ne peut être abandonnée au seul bon vouloir des Israéliens. Ne pas comprendre cela, c´est courir le risque de nouvelles désillusions comme celle d´Oslo, suivie de l´échec de tous les plans mis en place à cause de l´intransigeance d´Israël et sa prétention d´avoir la paix et la sécurité sans céder la terre. Or, par la poursuite des constructions dans les colonies, par les travaux entrepris sur l´Esplanade des Mosquées, Israël montre surtout qu´il n´est pas prêt, si jamais il l´a été, pour une paix véritable avec le peuple palestinien. D´autant plus que l´existence de deux Etats (Israël et la Palestine) suppose que l´Etat hébreu se retire totalement des territoires occupés en 1967, pour donner un tant soit peu, sens et crédit à la solution envisagée par la conférence d´Annapolis qui a connu hier, un début de mise en oeuvre par la réunion des donateurs à Paris, en attendant la prochaine réunion de Moscou en janvier.