Le Conseil législatif palestinien se réunit aujourd´hui dans une séance qui pourrait être décisive dans le bras de fer Abbas-Arafat´ Le gouvernement Abbas qui présente aujourd´hui devant le Conseil législatif palestinien (CIP, Parlement), un premier bilan de son activité, depuis sa nomination en avril dernier, subira un véritable examen de passage devant un Parlement qui aura également à trancher le différend Yasser Arafat-Mahmoud Abbas, à propos du contrôle des services de sécurité. Du fait de son différend avec le président Arafat, d´aucuns estiment même possible que le Premier ministre palestinien puisse être amené à demander un vote de confiance. Une sorte de quitte ou double singulièrement du fait de l´interprétation, à tout le moins décalée, que MM.Arafat et Abbas semblent donner au processus de paix sous l´égide de la «feuille de route», et notamment la question récurrente du transfert des services de sécurité au gouvernement Abbas, services dont l´essentiel des départements se trouve sous le contrôle du président Arafat. Ce dernier estime en fait que la sécurité des territoires relève directement de son magistère, ce que M.Abbas, soutenu par les Etats-Unis et Israël, conteste de plus en plus. C´est en fait là le point nodal de la question qui, dans la pratique, rattache encore à un semblant de pouvoir M.Arafat qui a été dépouillé de nombre de ses prérogatives au profit du gouvernement Abbas. Marginalisé par les Etats-Unis et Israël qui estiment M.Arafat «caduc» celui-ci est peu à peu poussé vers la sortie par ses propres amis politiques. C´est ainsi qu´au fur et à mesure de la pratique de la gouvernance, Mahmoud Abbas veut encore plus, d´autant plus qu´Américains et Israéliens semblent avoir trouvé en lui l´interlocuteur palestinien idéal. De fait, les Américains considèrent que le légendaire Abou Ammar «(...) fait partie du problème, pas de la solution». Vindicatifs, les Israéliens regrettent eux de n´avoir pas «expulsé» quand «il le fallait» le leader palestinien, comme vient de le déclarer le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, selon lequel «Arafat représente un obstacle important pour Mahmoud Abbas, et pour tout le processus politique (...) », indiquant: «Nous avons commis une erreur historique en ne l´expulsant pas il y a deux ans, mais nous allons traiter ce dossier à court terme, sans doute avant la fin de l´année». C´est dire que Yasser Arafat, sans doute à son corps défendant, est devenu pour les uns un problème, pour les autre un obstacle, alors que Abbas qui se trouve à l´étroit semble estimer que le président Arafat a fait son temps. Mais, le vieux leader qui a plus d´un tour dans son sac n´est pas prêt d´abdiquer, ni à abandonner la raison de toute sa vie, la libération des territoires palestiniens et la création de l´Etat palestinien indépendant. Que va dire le Conseil législatif palestinien dans sa réunion d´aujourd´hui qui s´avère cruciale, va-t-il encore une fois recourir à un compromis, qui auparavant n´a fait que renvoyer le différend sans le solutionner, ou crever l´abcès en tranchant, une fois pour toutes, entre deux anciens compagnons de lutte que tout maintenant semble séparer et dont les positions sur le dossier palestinien ne font que s´éloigner ces dernières semaines. Ce qui, en vérité, serait très difficile pour le CIP, car on n´évince pas facilement un homme de la stature de Yasser Arafat. Contre-attaquant, celui-ci aurait déclaré dans un entretien, qui lui est attribué, par la chaîne d´information américaine, CNN, que «la feuille de route est morte, mais seulement à cause de l´agression militaire israélienne ces dernières semaines». Cette sortie a fait réagir nombre de responsables palestiniens qui ont affirmé, hier que «la partie palestinienne continue de respecter la feuille de route et celle-ci existe toujours», selon les propos de Nabil Abou Roudeina conseiller du président Arafat. Si effectivement Yasser Arafat a fait cette déclaration, (diffusée sur le site Internet de CNN) il faut relever aussi qu´il existe un malentendu sur la feuille de route, les Israéliens l´envisageant uniquement comme moyen de neutraliser la résistance palestinienne, mais pas comme élément stratégique pouvant solutionner définitivement le contentieux israélo-palestinien. En effet, les autorités israéliennes, qui donnent le nom de Judée et Samarie aux territoires palestiniens occupés, qui multiplient les colonies de peuplement dans ces territoires, ne considèrent pas que ce fait soit un obstacle à la paix du moment que, selon eux, Israël n´est pas une puissance occupante puisqu´ils sont chez eux... en Judée Samarie (la Cisjordanie). De ce fait, comment les Israéliens voient-ils alors le futur Etat palestinien? N´est-il pas temps de définir enfin la territorialité de la future Palestine et dire clairement que l´Etat palestinien correspond aux territoires occupés par Israël en 1967? Ce qui veut dire qu´Israël doit démanteler les colonies de peuplement, retirer son armée aux limites de la ligne verte (de 1967) et enfin donner des gages que l´Etat hébreu veut effectivement la paix. En réalité l´obstacle qui empêche l´application de la «feuille de route» ce n´est ni le président Arafat, ni les résistants palestiniens, mais bien la prétention d´Israël de conclure la paix sans pour autant céder la terre, principe sur lequel sont fondés tous les processus de paix entrepris entre Palestiniens et Israéliens depuis la conférence de Madrid de 1991 et l´accord d´Oslo de 1993. Si ces efforts ont jusqu´à présent échoué, c´est bien du fait d´Israël qui a une lecture spécieuse de la paix laquelle, selon Tel-Aviv, se réduirait à la neutralisation du «terrorisme» palestinien, c´est-à-dire la lutte des Palestiniens pour faire reconnaître leur droit à l´érection de leur Etat indépendant...