Et puis s´en vont! C´est le geste répétitif de nos festivals, cycles, expositions, concerts ou année célébrant la culture sous «toutes» ses formes dont ne reste, une fois les rideaux baissés, qu´un fond d´amertume. Car la culture semble, en Algérie, condamnée à une gestuelle et à un symbolisme ponctuels qui n´ouvrent pas nécessairement sur les portes de la continuité culturelle, du dépassement (de soi) et de la création.(artistique, théâtrale, cinématographique, télévisuelle, littéraire). Aujourd´hui, le produit culturel (la créativité et la consommation de la culture sous ses différents aspects) n´est pas seulement une question de politique culturelle - encore que celle-ci reste incontournable ne serait-ce que pour cadrer les objectifs à atteindre et les moyens, souvent lourds, à allouer à la production culturelle - mais aussi, sans doute surtout, un problème de mentalité, de volonté, d´aptitude aussi. La traversée du désert de la création culturelle et artistique en Algérie est par trop longue pour se suffire aujourd´hui d´explications baroques qui font l´économie des raisons profondes du recul du fait culturel dans notre pays. Sans revenir sur la disparition des salles de cinéma, sur le fait qu´aucun théâtre n´a été construit depuis l´Indépendance, que très peu de films aient été réalisés depuis deux décennies, que la littérature et les arts plastiques produisent chichement, sont autant de constats qui attestent du délabrement du fait culturel en Algérie. Or, les festivals organisés avec force tapages, les semaines culturelles, qui apparaissent et disparaissent au gré des circonstances, n´attestent d´aucune manière quant à la vigueur de la création culturelle et artistique. Beaucoup était attendu de «l´Année de l´Algérie en France» et «Alger, capitale de la culture arabe», qui devaient, l´une comme l´autre, entraîner dans leur sillage un engouement pour la culture et la créativité. Las! Une fois les portes de ces manifestations fermées, tout a été oublié et chacun de retourner à son train-train habituel. Ce n´est pas que l´Etat n´a pas déboursé les grosses sommes - ou même commandité des réalisations culturelles - mais c´est loin d´être la solution idéale quand l´esprit, et les conditions - idoines - viennent à manquer pour permettre une réelle ouverture du champ culturel à l´investissement et à l´imagination. La culture ce n´est pas seulement un divertissement, c´est ce qui reste quand tout a disparu, qui témoigne à travers le temps et les siècles de l´identité des peuples, de la prégnance d´une civilisation. Que laissera la culture algérienne pour les générations à venir, lorsque le cinéma ne produit plus, le théâtre qui balbutie, la littérature qui ne trouve pas son moi identitaire, la musique qui a perdu son rythme, et quand la télévision fonctionne en vase clos. La production culturelle ne saurait se suffire d´apparitions ponctuelles qui cachent mal son indigence le reste de l´année, et mettent à nu l´improvisation qui reste le label des festivals et des semaines culturels organisés ici et là en Algérie.