Dix-huit ans après son éclatement, l´ex-Union soviétique n´en finit pas de faire ses comptes avec des retombées qui continuent de marquer peuples et communautés de l´ancien bloc communiste. L´assaut donné dans la nuit de jeudi à vendredi, par la Géorgie contre l´Ossétie du Sud - avec pour objectif de «restaurer» son autorité sur cette République, pro-russe, autoproclamée - aura vite tourné à une guerre ouverte entre la lilliputienne ex-République soviétique de Géorgie et la géante Russie. Les autorités géorgiennes ont-elles mesuré les conséquences qu´une telle guerre pourrait avoir sur la stabilité non seulement du Caucase et de l´Europe, mais également mondiale - pour peu qu´un, ou des pays décident de «porter secours» à la Georgie - avec le risque d´une conflagration qui mettrait en péril la paix. Certes, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, après une entrevue avec son homologue chinois et le président américain, George W.Bush, a affirmé que «tout le monde est d´accord: personne n´a besoin de la guerre». Mais c´est là un voeu qui risque de demeurer pieux pour peu que le déroulement des combats échappe au contrôle de leur initiateur. Hier, en appelant au retour au statu quo du 6 août et à la reprise du dialogue, le président Bush, tout en critiquant indirectement Tbilissi, met en fait en garde contre un développement dangereux de la guerre qui ne servirait pas la paix dans le monde, indiquant «nous appelons à un arrêt des bombardements russes et à un retour des parties concernées au statu quo du 6 août», mettant dos à dos Moscou et Tbilissi. Par statu quo, le président américain entendait, sans équivoque, le retour aux positions occupées par les belligérants avant le déclenchement des hostilités le 6 août, d´autant plus qu´à Washington, un haut responsable du Pentagone a pris le soin d´affirmer que les forces militaires américaines déployées en Géorgie n´étaient, en aucune manière, impliquées dans le conflit. Un conflit qui, pourtant, risquerait de mettre face-à-face soldats russes et américains, pour peu que les Etats-Unis décident qu´il est de leur devoir de faire intervenir en Ossétie du Sud leur contingent stationné en Géorgie. Contrairement à la guerre qui suivit le démantèlement de l´ex-Yougoslavie, la disparition de l´ex-URSS, a laissé des plaies mal fermées, retombées directes de la politique de peuplement et de «russification» imposées dès 1930 par le régime stalinien aux fins de faire disparaître les nationalités. L´Ossétie du Sud, province russophone de Géorgie, est l´un des reliquats de cette politique qui mit à mal l´homogénéité de plusieurs communautés de l´ex-Urss. Après le conflit armé du début des années 90, une commission de paix composée de militaires géorgiens, ossètes et russes, a été stationnée à la frontière entre la Georgie et l´Ossétie du Sud. L´assaut donné par l´armée géorgienne dans la nuit de jeudi, en pleine trêve olympique, a rompu avec un cessez-le-feu fragile instauré, voici une quinzaine d´années. Il est évident, toutefois, qu´outre l´Ossétie du Sud, l´Abkhazie, la Tchétchénie, et autres Ingouchie et Daguestan, restent autant de bombes à retardement aux confins d´un Caucase en mal d´une identité et de stabilité.