Il est beaucoup question de fiscalité en ces périodes d´aisance financière -aisance due essentiellement aux exportations de pétrole et de gaz- et, plus singulièrement, de contrôle des activités des entreprises étrangères. Cette expertise est logique et cela va de soi. Mais pourquoi maintenant? N´existe-t-il pas, au niveau des banques et des institutions habilitées pour ce faire, les instruments adéquats pour le contrôle des changes et de transfert d´argent, pour que le ministère du Commerce initie une enquête sur «les activités des entreprises étrangères en Algérie»? En réalité, il n´y a pas que les sociétés étrangères qui doivent faire l´objet d´une expertise, mais également les entreprises privées algériennes qui brassent des milliards, dont une part conséquente en devises, et échappent au contrôle de l´Etat. Il en est de même pour le marché informel, évoluant en marge de la légalité, dont les rentrées sont colossales. L´évasion fiscale, et surtout les fraudes fiscales -qui sont de véritables vols organisés- en sus des milliards de dinars qui disparaissent cycliquement des banques, sont autant de plaies avérées du système fiscal algérien. A tel point que l´on se demande s´il y a effectivement une politique fiscale raisonnée dans ce pays. D´autant plus que les recettes fiscales constituent la principale ressource des Etats. A cet effet, un ensemble de lois et de mesures destinées à financer, par l´impôt, le Trésor de l´Etat, sont ainsi promulguées. Cela pour la théorie. Sur le terrain c´est totalement autre chose, et d´aucuns de se demander qui contrôle qui, face aux multiples scandales (financiers) qui entachent nos banques, le peu de performances des entreprises publiques et, d´une manière générale, la gabegie des deniers de l´Etat. L´exemple de Khalifa Bank -où l´on découvre effarés que cette banque fonctionnait sur le seul vouloir et pouvoir de son propriétaire, sans observance du minima des règles qui s´imposent dans la manipulation de l´argent- est édifiant. En outre, il y a de fortes probabilités que cela se passe de la même manière dans d´autres sociétés. Au final, ce n´est pas l´argent qui fait défaut, mais la manière de le gérer qui, en revanche, pose problème, car anti-économique et ne répondant à aucune orthodoxie du marché. Aussi, les pertes en rentrées fiscales - parasitées par un marché informel puissant, le dysfonctionnement des entreprises publiques, l´exonération des sociétés privées, une certaine permissivité pour les entreprises étrangères exerçant en Algérie - sont-elles énormes et constituent un frein drastique au développement du pays. Aussi, le miracle - si cela se trouve - est de se demander comment un pays, qui ne fonctionne que trois jours ouvrables sur six, en butte à un système fiscal véritable passoire, parvient, malgré tout, à se maintenir à un certain niveau de développement et même à engranger quelques dizaines de milliards de dollars. Imaginez ce que l´Algérie aurait pu être et quel «dragon» elle aurait constitué si elle avait fonctionné normalement en tant qu´Etat rationnellement géré. No comment!