Encore une fois, le pays est confronté à l´impéritie des hommes incapables d´anticiper sur des situations dont la récurrence laissait pourtant prévoir. Ghardaïa, devenue la goutte qui fait déborder l´oued. Des récentes intempéries à Djelfa, Naâma et M´Sila aux perturbations occasionnées par les crues des oueds Koriche à Bab El Oued et Saoura à Béchar, l´Algérie a suffisamment payé pour savoir sa vulnérabilité aux catastrophes naturelles. Avec chaque fois des dizaines de victimes et d´énormes dégâts matériels. Il y a quelques années l´oued M´Zi, à Laghouat, gonflé par les eaux de pluie avait également provoqué des inondations meurtrières dans la ville et sa région. Or, le M´Zi est limitrophe de l´oued M´Zab et ce qui s´est passé à Laghouat pouvait aussi bien se répéter à Ghardaïa. Ce qui veut dire que des mesures auraient dû être prises pour que ne se reproduisent pas de telles situations face auxquelles les autorités locales sont souvent désarmées, car ne disposant pas du matériel adéquat pour y faire face et surtout parce que ni les autorités nationales et locales, encore moins les citoyens, ne sont préparés à de telles catastrophes. C´est l´aveu même du wali de Ghardaïa qui a déclaré à la presse qu´ils (l´administration et les responsables locaux) «étaient complètement désarmés devant les forces de la nature». Soit! Mais, est-il normal que l´administration d´une wilaya de la taille de Ghardaïa puisse se trouver sans ressources pour parer à ce qui, partout ailleurs, aurait dû être une difficulté, certes imprévue, mais qui n´aurait jamais dû prendre les dimensions d´une catastrophe nationale. Nous en sommes venus jusqu´à estimer que même l´oued est devenu une fatalité prise en charge par l´Etat, après coup? Or, les crues des oueds en Algérie, même rares en vérité, n´en sont pas moins dévastatrices comme cela a été le cas hier à Bab El Oued, aujourd´hui à Ghardaïa, quand il fallut déplorer des morts. Des morts qui auraient pu, largement, être évités par des mesures de prévention et d´information des citoyens. Or, on continue à construire sur les berges des oueds, à en retirer le sable, ce qui fait que le moindre orage peut faire déborder le cours d´eau. Et les cours d´eau, ce n´est pas ce qui manque en Algérie. A-t-on tiré les leçons des précédentes catastrophes qui ont été autant d´avertissements, souvent sans frais, mais parfois avec des retombées dramatiques pour les populations locales. Aussi, cette question des oueds qui débordent à la moindre intempérie, doit-elle être prise très au sérieux et agir pour que de telles tragédies ne se reproduisent plus. L´Etat ne peut plus continuer à prendre des décisions après coup, après chaque catastrophe naturelle (séisme, inondations...etc) quand il est plus politique de préparer l´administration, les ONG nationales et les citoyens à réagir en temps réel à de tels cas de figure, pour atténuer, autant que faire ce peut, les effets de ces catastrophes sur la population et les cités. Or, c´est cette culture du risque qui fait aujourd´hui cruellement défaut avec les résultats et retombées que l´ont connaît.