Il a suffi que des pluies plus ou moins fortes tombent pendant une journée pour que tout Alger et d'autres régions du pays soient sur le qui-vive. Une situation qui se répète chaque année et qui, au fil du temps, devient plus que préoccupante. Sept ans après les tragiques évènements du 10 novembre 2001, Bab El-Oued se retrouve encore une fois sous le “diktat” des pluies. Hier, un immeuble s'est effondré causant un mort. À Azzefoun, c'est un pont qui s'est écroulé toujours à cause des intempéries et bien d'autres dégâts sont annoncés. Le bilan des inondations qui ont touché plusieurs régions de l'Algérie, depuis le 28 septembre, s'établit ainsi à 67 morts en comptant 43 personnes tuées dans les intempéries de Ghardaïa. Pour demain mardi, les services de la météo annoncent une vague de froid sur le Centre en plus des intempéries. Selon Mme Naïma Tirouche, du service des prévisions de l'Office national de météorologie (ONM), le taux des précipitations dans la wilaya de Tizi Ouzou a atteint plus de 100 mm durant les dernières 48 heures, alors que la moyenne mensuelle de cette région ne dépasse pas les 92 mm. La wilaya d'Alger, quant à elle, a enregistré 70 mm, sa moyenne mensuelle étant de 95 mm. La perturbation devra se poursuivre sur les régions ouest et centre du pays jusqu'à aujourd'hui, et jusqu'à mercredi sur les régions est, selon les mêmes prévisions. Pour le sud du pays, de faibles pluies sont prévues aujourd'hui et concerneront les wilayas de Béchar, Adrar et Tindouf. Le mauvais temps sera de retour à partir de mercredi prochain sur les régions nord-est du pays avec l'arrivée d'une nouvelle perturbation. Que faire ? Il y a quelques jours, le ministère de l'Intérieur avait appelé la population à redoubler de vigilance, éviter de se rapprocher des oueds en crue et d'éloigner les enfants des endroits inondés en raison des risques de noyade.Des recommandations certes importantes, mais loin d'être une solution pour éviter les catastrophes et les pertes humaines. La moindre pluie devient un danger pour tous. La vétusté des canalisations et les constructions illicites sont toujours des problèmes d'actualité, et mis à part quelques rafistolages, aucun plan global n'a été réalisé. Il faut aussi préciser que ce n'est pas la pluie elle-même qui est “assassine”, mais essentiellement la gestion catastrophique de l'espace urbain. On est même arrivé à ne plus oser parler de la “baraka” des pluies pour notre agriculture à cause de l'incompréhensible crise dans laquelle nage ce secteur et l'exemple de la crise de la pomme de terre en est la meilleure illustration. Maintenant, on est en droit de s'interroger sur les conséquences que pourraient avoir des précipitations sur une durée d'un mois. Pourtant, cette fatalité ne doit plus être acceptée. Répéter à chaque fois que “gouverner, c'est prévoir” devient à la longue un discours creux devant ce que les Algériens subissent chaque hiver. Les études et les séminaires se suivent et se ressemblent depuis plusieurs années sur les changements climatiques avec, au bout, plusieurs recommandations mais sur le terrain, l'inertie semble être de rigueur. Pourtant, ce n'est pas une fatalité et tout peut être sauvé si seulement chaque responsable fait son travail. La leçon des inondations de Bab El-Oued en 2001 n'a pas été retenue. Ghardaïa, Béchar, Mostaganem et d'autres agglomérations sont les dernières “victimes” des intempéries, et la liste pourrait s'allonger si des mesures ne sont pas prises. En août 2007, une étude de l'hebdomadaire britannique The Economist classait Alger dernière sur 132 villes sélectionnées. Un rapport élaboré sur la base de cinq catégories : la stabilité, le service de santé, la culture et l'environnement, l'éducation et la disponibilité des infrastructures de base. Beaucoup avaient pris avec dédain cette “sentence”, mais la réalité du terrain est là. Plus d'une année après, rien ou presque n'a été fait pour au moins essayer d'améliorer les choses. Et là, il s'agit de la capitale, vitrine par excellence de l'Algérie, alors que dire des autres villes… Salim Koudil