La ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, Mme Nouara Saâdia Djaffar, a décidé de faire du bruit pour faire croire à une reprise d´activité de son département: «Je condamne les propos de Hadj Lakhdar», a-t-elle déclaré sans ambages avant de l´accuser d´avoir porté «atteinte aux droits de l´homme et, notamment, à l´intégrité de la femme». Mme la ministre s´exprimait lors d´une manifestation aux côtés des représentantes du réseau Wassila. Un réseau qui dit défendre la femme. Hadj Lakhdar, l´artiste qui a pulvérisé le record d´audience avec sa série télévisée diffusée durant la première moitié du Ramadhan, méritait-il un tel traitement de la part d´un membre du gouvernement? De toutes les 15 parties de la série, notre ministre n´aura retenu que la séquence où l´acteur principal «conseille» à un de ses locataires «de se comporter comme un homme et dompter sa femme en la frappant». Car, enfin, Hadj Lakhdar incarnait un personnage de notre patrimoine culturel que rien ni personne ne peut nier ni changer. C´est le paysan par excellence, avec le bon sens qui est le sien. Un paysan d´un certain âge, pétri dans notre société telle qu´elle a toujours fonctionné et fonctionne toujours dans nos campagnes. Ce n´est que dans les villes que souffle un vent d´émancipation charriant avec lui ses «droits de l´homme» venus du Nord. Une nouvelle mentalité que notre ministre voudrait être celle de tous les Algériens, sans transition aucune. Sans distinction d´âge, de sexe ni de milieu. En passant outre le poids de notre longue histoire. Imaginons le ridicule et la bêtise qui auraient enveloppé le personnage de Hadj Lakhdar si celui-ci avait «conseillé» à son locataire d´aller aider sa femme à faire la vaisselle ou prendre la serpillière. C´est un mauvais procès que lui fait Mme Djaffar, car elle aurait dû plutôt être plus attentive sur le comportement du locataire qui, de bout en bout des séries, vit dans une parfaite égalité avec sa femme «journaliste», malgré les railleries des voisins. Hadj Lakhdar est assez grand pour n´avoir pas besoin qu´on prenne sa défense. C´est son oeuvre qui appartient à tous les Algériens que nous défendons. Malgré les imperfections qu´elle contient (on a eu l´occasion d´en énumérer quelques-unes dans une de nos précédentes éditions), il est impératif qu´elle soit poursuivie dans ce rôle de miroir qui nous renvoie notre image. Une image peu reluisante qu´on ne peut corriger sans en prendre conscience. C´est précisément le rôle qu´assume très bien Hadj Lakhdar. Le devenir de notre société passe avant tout autre accointance avec un quelconque réseau.