L´OPEP qui se réunit samedi au Caire voit ses rangs renforcés par un nouveau «membre» de taille. La Russie, ce deuxième pays producteur mondial de pétrole après l´Arabie Saoudite, par la voix de son ministre de l´Energie, a fait savoir qu´elle n´excluait pas, elle aussi, de réduire sa production. En effet, mardi dernier, Sergei Shmatko, ministre russe de l´Energie, a déclaré en Inde où il était en visite que «la Russie coordonnera (ses actions NDLR) avec l´Opep pour défendre ses intérêts...et pour élaborer des mesures de sauvegarde». Nul doute qu´une telle déclaration ne sera pas sans effet tant sur le marché pétrolier que sur le terrain politique qui le sous-tend. On pense surtout à ces tentatives d´intimidation entendues en Occident contre les baisses de production que pourrait décider l´Opep pour maintenir des prix raisonnables du baril. Il n´est pas sûr de les entendre à nouveau maintenant, pour des raisons évidentes de rapport de force. Il est même certain qu´on ne les entendra plus. Mieux, cet alignement russe sur la stratégie des 13 pays producteurs donnera, à n´en plus douter, suffisamment d´impact aux baisses qui seront décidées à l´avenir pour influer sur le prix du baril. Jusque-là, chacun sait que la baisse décidée à Vienne n´a pas pu empêcher le baril de continuer sa chute. C´est pourquoi l´Opep a bousculé son calendrier qui prévoyait sa prochaine réunion à Oran le 17 décembre prochain en décidant d´agir plus vite et de tenir une réunion extraordinaire sans attendre. Celle d´après-demain au Caire. Cela dit, il ne faut pas non plus croire que les spéculateurs vont aussitôt baisser les bras pour laisser le marché reprendre son fonctionnement normal avec ses seuls paramètres de l´offre et de la demande. Ni que le prix du pétrole retrouve de sitôt ses couleurs de juillet dernier où il caracolait à 147 dollars. Il n´empêche que la bataille sera moins facile pour la spéculation et son pendant naturel qu´est la production des énergies dites de substitution. Il ne faut pas non plus se leurrer sur les véritables objectifs de la Russie qui veut par là réussir un doublé: tirer le plus de dividendes possibles de son pétrole et créer les meilleures conditions pour faire accepter son projet de créer une Opep du gaz qui a connu quelques réticences des autres pays qui en produisent. Quoi qu´il en soit, tout ceci est de bonne guerre. Il faudra juste bien étudier la question et trouver la bonne formule pour éviter l´alignement du prix du gaz sur celui du pétrole. C´est donc avec une nouvelle carte en main que les ministres de l´Opep se réuniront, samedi, au Caire. Ils savent néanmoins que la partie n´est pas encore gagnée. Qu´elle est juste un peu moins serrée. Il faudra encore batailler.