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La clé de la libération de la femme
Publié dans L'Expression le 08 - 03 - 2009

Que l´on soit pour ou contre la célébration d´une journée de la femme comme pour celle de l´arbre, ce ne sera malgré tout pas notre sujet central aujourd´hui. Nous en profiterons toutefois pour aborder les singulières phases traversées par la condition féminine dans notre pays. Première étape: avant l´Indépendance, c´est-à-dire qu´il y a seulement 47 ans, la femme algérienne n´existait, à de rares exceptions, qu´à l´intérieur du foyer familial. C´était son seul espace de vie. Ses rares sorties à l´extérieur étaient programmées, planifiées et très «encadrées». Celles-ci n´avaient lieu que pour les visites aux parents, lors de fêtes familiales ou pour se rendre au hammam. Point de scolarité. Point de travail à l´extérieur. Si! un seul, être femme de ménage chez les colons, pour celles que la vie avait frappé encore plus durement que les autres. C´est-à-dire celles qui, frappées encore plus durement par le sort et, n´avaient plus généralement de protection familiale. On en comptait beaucoup parmi les veuves et les divorcées. Leur condition était peu enviable tant elles subissaient à la fois le rejet de leur société et l´exploitation, voire l´esclavage de leurs employeurs. Des femmes admirables de courage. C´est ainsi que fut rythmée la vie de la femme algérienne durant la colonisation. Entre effacement et rejet. La seconde étape avait tout pour être capitale. C´était durant la guerre de Libération nationale. Des Algériennes d´un rare courage décidèrent de participer à la lutte armée. Pour cela elles ont osé briser le carcan pour porter les armes et soigner leurs frères au combat.
Une participation active qui leur a valu une reconnaissance populaire sans pareille qui a autorisé, à la Libération, tous les espoirs d´une amélioration notable de la condition de l´ensemble des femmes en Algérie. Sauf que l´élan fut malheureusement stoppé. Parmi les causes on retrouve celle de l´hirondelle qui, à elle seule, ne peut faire le printemps. La femme, plus que l´homme, souffrait à l´Indépendance de l´analphabétisme qui fut un grand frein à la poursuite de l´émancipation acquise au maquis. Le temps pris par la scolarisation et la sortie des premières promotions de femmes universitaires avaient créé une coupure suffisamment longue pour que les vieux réflexes reprennent leur place. Le plus grave de ces réflexes fut celui de la mère, donc de la femme, qui s´est remise à la discrimination sexiste dans l´éducation de ses enfants. Depuis et malgré la scolarisation massive des femmes et leur présence en nombre sur le marché de l´emploi et notamment dans le secteur de l´éducation, la prédominance patriarcale est à ce jour très ancrée.
La femme algérienne semble avoir des difficultés à trouver la meilleure voie pour briser l´enfermement dans lequel elle reste confinée. Qu´elle soit juge, médecin ou ingénieur. Son tort serait peut-être d´attendre que la société veuille bien la laisser sortir de la discrimination qu´elle subit. Elle semble oublier que la liberté ne se donne jamais, elle s´arrache. Même avec toute la volonté politique comme la dernière révision de la Constitution à son profit. Tout au plus, a-t-elle là un solide point d´appui dans sa lutte. Mais ce ne sera rien d´autre qu´un moyen. Tout est dans son utilisation optimale. Une utilisation qu´elle ne doit déléguer à personne. Le jour où elle décidera de se prendre en charge et lutter intelligemment, la femme algérienne aura tous ses droits. Elle aura gagné la partie.


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