L´émissaire spécial américain, George Mitchell, chargé par le président Barack Obama de superviser les efforts de paix au Proche-Orient, a réitéré hier, lors de sa rencontre avec président syrien, Bachar Al Assad, «la volonté» des Etats-Unis de parvenir à une paix «véritable et globale». Ce leitmotiv est répété depuis des mois par des responsables de l´Administration démocrate, à commencer par M.Obama et Mme Clinton, la chef de la diplomatie US. Toutefois, ces répétitions tendent à devenir une litanie en l´absence d´un authentique engagement américain à tout faire pour relancer la «Feuille de route» (plan de paix international), d´une part, exiger d´Israël, singulièrement, d´appliquer les résolutions «pertinentes» de l´ONU, toujours en suspens et ignorées par l´Etat hébreu, d´autre part. Résolutions qui vont dans le bon sens et ouvrent la voie à cette «paix globale» appelée de ses voeux par l´Administration Obama. En effet, peut-on sérieusement - surtout lorsqu´il s´agit de la première puissance mondiale, parraine de surcroît du processus de paix israélo-arabe - ratiociner sur la «paix globale» sans se donner les moyens de concrétiser cet objectif qui est également celui des pays arabes? Mais, pour ce faire, il faut que toutes les cartes soient mises sur table et que chacun joue franc jeu. A l´évidence, c´est loin d´être le cas pour le principal acteur du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien, l´Etat hébreu, qui veut le beurre et l´argent du beurre. En d´autres termes, avoir la paix sans céder la terre. Une terre, dont Israël est en train d´accélérer le démembrement par l´expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie, par la judaïsation de Jérusalem-Est et la construction du mur de séparation, outre l´occupation du Golan syrien. Tout cela, certes, ne milite pas pour la mise en place d´un véritable processus de paix où Israël pourrait trouver sa place dans cette région arabe. Or, Israël tout au long des six dernières décennies, depuis sa création par les Nations unies en fait, n´a rien fait pour se faire accepter par ses voisins arabes. Bien au contraire, l´Etat hébreu outre de n´avoir jamais fait le moindre effort pour se rapprocher des pays arabes a, en revanche, rejeté les propositions de paix arabes tout en tentant de s´imposer à eux par la force de sa puissance militaire. Cela évidement ne peut marcher, et n´a pas marché comme le montrent clairement les échecs successifs de toutes les initiatives de paix qui se sont heurtées à l´irrédentisme d´Israël. M.Mitchell a encore dit: «Afin de réussir, nous aurons besoin des Arabes comme des Israéliens (...) pour une paix globale». Les Arabes ont toujours montré leur disponibilité à parler sérieusement de paix dans le cadre du principe, la terre contre la paix. Ce qui n´est pas vrai pour Israël qui refuse un tel postulat voulant surtout imposer aux Arabes une «pax israéliana» dans laquelle, à l´évidence, il n´est pas prévu de place pour un Etat palestinien souverain. Le Premier ministre israélien, qui vient d´autoriser la construction de nouveaux logements dans les colonies israéliennes en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est, s´oppose également à l´existence d´un Etat palestinien indépendant. Aussi, les professions de foi des Américains sonnent faux et ne convainquent guère en l´absence de prise de position qui mettrait Israël au pied du mur. L´Etat hébreu constitue aujourd´hui, on ne peut plus clairement, l´obstacle avéré à la paix dans la région du Proche-Orient. Or, la paix est conditionnée par la création de l´Etat palestinien d´une part, du retour aux frontières du 4 juin 1967 (avant la guerre des Six-Jours) d´autre part, ce qui implique le retrait d´Israël de tous les territoires arabes occupés lors des guerres de 1967 et de 1973. La paix est à ce prix. Ne pas le dire nettement, c´est en fait se payer de mots. Il est patent que M.Obama doit maintenant passer à une autre étape si effectivement il veut instaurer la paix entre Arabes et Israéliens.