L´enseignement supérieur fait problème. C´est le moins qui puisse être dit au regard des déperditions multiformes observées dans les enceintes du savoir en Algérie. Au moment où la toute première université du pays célèbre le centenaire de sa création (1909-2009), il serait sans doute temps de faire le point sur l´enseignement supérieur en Algérie, sur ses objectifs, et les moyens qui lui sont octroyés pour atteindre la performance. Il reste évident que cela a un prix: humain, financier, logistique et matériel. Mais les autorités publiques sont-elles effectivement disposées à y mettre ce prix et à engager une vaste réflexion sur le devenir de l´université algérienne et de son renforcement à tous les niveaux, singulièrement au niveau de la qualité de l´enseignement, de la gestion et de la disponibilité de structures universitaires adaptées? D´aucuns, de fait, se posent la question: «Existe-il réellement, en l´état actuel des choses, une université algérienne?» Un éminent professeur est à ce propos catégorique. L´université? «Un dortoir au lieu d´un milieu de savoir et de connaissance». Dès lors que le besoin se fait sentir de poser un tel questionnement, induit déjà l´existence d´un problème. A quel niveau se situe-t-il? Comment le prendre en charge et le résoudre? Tant de demandes interpellent le monde politique et universitaire. De nombreuses universités sont aujourd´hui ingérables, à l´instar des méga-universités d´Alger (130.000 étudiants) et de Constantine (100.000 étudiants). En fait, l´université d´Alger vient d´être découpée en trois pôles universitaires (décrets exécutifs parus au Journal Officiel du 25 octobre 2009) avec la création des universités d´Alger (Benyoucef-Benkhedda) de Bouzaréah et de Dély Ibrahim. Si ce découpage répond, dans un premier temps, au problème de maîtrise et de gestion, il laisse toutefois entier celui de la qualité de l´enseignement, peu affecté par cette restructuration. Or, c´est bien là que le bât blesse, avec en filigrane la performance, qui est aujourd´hui au centre du débat du monde universitaire qui déplore, outre la médiocrité de la pédagogie, les conditions inadéquates de l´enseignement supérieur en Algérie. En fait, les étudiants algériens ne bénéficient pas d´une vraie formation qui se trouvent désarmés face à l´emploi et leur non-compétitivité sur le marché. Ainsi, des enseignants sont très durs envers leurs collègues «(...) des enseignants n´ont pas les compétences exigées, certains n´ont même pas le Bac! Certains directeurs, à la tête de grands instituts, n´ont même pas fait d´études universitaires, ce qui explique le piètre niveau des enseignants censés former les étudiants» affirme à un confrère le professeur Brahimi. Cela explique en partie le pourquoi des migrations plurielles des étudiants et des enseignants algériens. Des universités, il y en a en nombre en Algérie, mais pour quelle finalité, lorsqu´elles ne sont pas une référence? Au moment où l´université d´Alger célèbre son 100e anniversaire, que l´Algérie dispose de trente universités et plusieurs centres universitaires, le pays a-t-il pour autant atteint cet objectif récurrent: former des cadres compétitifs et de qualité? Difficile de le croire lorsque nos meilleurs enseignants, nos meilleurs étudiants désertent nos campus pour l´étranger. Les premiers pour mieux faire valoir leurs qualités, ignorées et sous-estimées, les seconds pour une formation compétitive et mieux adaptée. L´université algérienne avec son million d´étudiants est devenue une véritable quadrature du cercle, une fausse vitrine du savoir et de la connaissance avec tout ce que cela induit pour l´Algérie de perte et de recul dans son développement intrinsèque. C´est une évidence que de constater que l´université n´a pas participé au décollage économique et social du pays.