Un débat d´idées, même un peu chahuteur, quoi de plus probant pour mettre en exergue la «bonne santé» d´un parti et le dynamisme de ses militants? On est tout à fait d´accord avec ce postulat. Toutefois, de là à dire que des affrontements à coups de pieds et de poings - comme le rapporta la presse ces derniers jours - est signe de «bonne santé», voilà qui laisse quelque peu dubitatif, pour ne point dire pantois. C´est pourtant ce qu´affirmait benoîtement le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, à propos des violences qui ont émaillé le renouvellement de certaines kasmate de son parti, expliquant: «C´est un signe de bonne santé, les gens s´affrontent pour se positionner dans le parti.» Ben, il fallait le dire. C´est fait! Et nous qui croyions que la confrontation entre militants se fait essentiellement par l´échange d´idées, par la discussion de ce qui est le mieux pour le parti et pour le pays. Prenons acte cependant, de cette nouveauté. Toutefois, se féliciter du fait que des militants en viennent aux mains (des armes blanches auraient même été utilisées à Annaba), voilà qui est quand même peu banal et peu politique, surtout quand ces «tumultes» sont le fait d´un parti, outre dirigeant, qui n´est autre que le mouvement national qui libéra le pays. Cela change totalement la donne et l´appréciation qui, généralement, sont usitées pour un parti ordinaire. Le problème est que le FLN n´est pas un parti ordinaire. Loin s´en faut en vérité, et les maux du FLN se répercutent sur la gestion des affaires du pays. De fait, le problème «FLN» est devenu une question récurrente dont la discussion sur son bien-fondé est ajournée depuis l´indépendance du pays. Or, déjà, dès le lendemain de l´Indépendance de l´Algérie, plusieurs voix se sont élevées, dont celle du défunt président Mohamed Boudiaf, pour affirmer que «la mission du FLN (libérer l´Algérie) s´est achevée le 3 Juillet 1962». Crise ou pas crise au FLN? En fait, l´important n´est plus là, dès lors que le vieux parti est le passage sine qua non pour toute carrière politique «fructueuse» dans le pays. Cela est d´ailleurs, si bien assimilé par ses partisans, que ces derniers ne rechignent pas à user de brutalité pour parvenir à leurs fins. Les «redressements» et autres coups d´Etat «scientifiques» qui ont marqué le vieux parti, son «gel» par une décision de justice en décembre 2003, sont autant d´étapes qui signent la dureté des «batailles» pour l´accaparement d´un parti devenu le tremplin pour tout «envol» politique réussi. Cela n´a pas changé eu égard aux «chahuts» qui marquent les réunions du parti et situent mieux que n´importe quel discours les enjeux induits par le contrôle du FLN. Un FLN, courroie de transmission du système et pépinière des hommes de pouvoir qui dirigent ou ont dirigé le pays depuis 1962. Aussi, il serait vain de vouloir comprendre la succession de crises qui secouent, ont secoué, le vieux parti nationaliste sans les replacer dans le contexte des luttes d´apparatchiks pour la conservation du pouvoir au carrefour duquel se trouve le FLN. Le FLN, qui tire sa notoriété de la glorieuse Révolution du 1er Novembre, est ainsi pris en otage et a servi, durant des décennies, de caisse de résonance à tous les clans. Or, historiquement, moralement, le FLN n´est pas un parti comme les autres car il symbolise la légitimité des luttes passées et à venir du peuple algérien, quoique il sied, dans une démocratie, même pour le FLN, d´observer les règles. M.Belkhadem, au lendemain de l´arrêté gelant les activités du FLN, appelait à un congrès rassembleur, affirmant notamment que les décisions -qui seront prises par cette assemblée- seraient souveraines. En fait, l´actuel secrétaire général du FLN résumait sans le vouloir, plus certainement sans réellement l´imaginer, le paradoxe qui marque le champ politique national. Vérité en deçà, mensonge au-delà. Les événements qui marquent, ont marqué, le parti révolutionnaire, depuis juillet 1962, indiquent bien que ce n´est pas là un parti commun, qu´il ne pouvait être un parti banal, du fait même que se reconnaît en lui le peuple algérien. Aussi, il ne peut être le parti d´un clan ou d´une coterie. Dès lors, faut-il remettre à l´ordre du jour, la mise au musée du sigle «FLN» pour clarifier et assainir, enfin, la donne politique du pays?