Abdelaziz Belkhadem a dû se réfugier derrière le parapluie du président Bouteflika, pour faire face à la fronde qui agite son parti et qui menace son propre règne. En ouvrant les travaux de la troisième session du Comité central du FLN, Belkhadem a agité l'épouvantail de Bouteflika pour tenter de faire taire ses adversaires et dissuader les autres membres du CC, encore hésitants, de rompre les amarres avec l'actuelle direction du parti. “Qu'ils ne se fatiguent pas (allusion aux redresseurs, ndlr), si Dieu lui donne longue vie, notre candidat pour 2014, c'est Abdelaziz Bouteflika”. Belkhadem, qui avait laissé entendre, dans un passé récent, qu'il serait le successeur de Bouteflika, semble faire un “repli stratégique”, histoire de calmer la tempête qui souffle sur la demeure FLN. Dans un discours de plus d'une heure et demie, le patron du FLN a consacré l'ensemble de ses attaques aux redresseurs, sans jamais les nommer, et aux “adversaires extérieurs” du parti, le RND, sans le nommer. D'emblée, Belkhadem reconnaîtra que l'opération de renouvellement des instances du parti s'était déroulée dans des conditions difficiles “en raison de quelques lacunes, de quelques dérapages et de comportements de personnes qui ont oublié la discipline partisane”. Tout en affirmant que 95% des directions de kasma ont été renouvelées, Belkhadem justifiera l'anarchie qui a régné pendant les opérations de renouvellement par le fait que “nous avons choisi la voie difficile. Nous n'avons pas voulu faire comme les autres, ou comme nous le faisions par le passé, en renouvelant les mandats, indéfiniment aux responsables de kasma”. Il admet que l'opération n'était pas facile à mener et que, derrière chaque élection, il y avait contestation. “Nous reconnaissons que ce n'est pas parfait. Toutefois, il faut persévérer dans cette voie, tout en rectifiant les erreurs”. Il admettra, par exemple, l'élection, au sein de certaines kasmas, de personnes qui militent encore dans d'autres partis. Pour lui, “la crise dont on parle est due au fait qu'il y a un vide autour du FLN. On ne parle que du FLN. C'est le FLN qui fait l'actualité”. Pour lui, cette crise est “un signe de bonne santé”. Belkhadem s'étalera, en long et en large, sur l'échange épistolaire qu'il a eu avec deux ténors du parti, Abderrezak Bouhara et Mohamed Boukhalfa. Il lira leur lettre comme il lira sa réponse à leur lettre et la réponse de ces derniers à sa lettre. Pour finalement conclure qu'ils étaient les bienvenus pour exposer leur point de vue devant les membres du CC, loin de la presse, évidemment. Quant aux autres cadres animateurs du mouvement de redressement, il affichera une attitude de dédain, en affirmant que leurs reproches expriment des vœux personnels. “Soit ils sont amoureux du FLN, soit ils veulent se placer pour 2012”. Mais il tiendra à répondre, point par point, à leurs reproches, à commencer par l'incorporation d'hommes d'affaires au sein du Comité central. “Nous ne sommes plus dans les années 70”. Et d'affirmer : “Personne ne nous complexera à ce sujet”, et de comparer l'agitation des redresseurs à un caillou jeté dans une mare. Pour Belkhadem, le FLN restera au pouvoir, au moins, jusqu'en 2030. Et, comme pour reprendre le contrôle du terrain, il abordera la crise qui secoue l'UNJA, l'une des organisations de masse qui faisaient la force du parti par le passé. Belkhadem admet que ce sont des “grands-pères” qui sont à la tête de cette organisation, une situation anormale qu'il promet de rectifier, une fois la session du Comité central terminée, en réunissant les antagonistes, mais surtout en imposant la limite d'âge, (35 ans maximum) pour les postes de responsabilité. Belkhadem s'étalera sur la participation récente du FLN au conclave de l'Internationale socialiste à Paris. Tout en confirmant que le parti avait introduit une demande de ré-adhésion à l'IS, il dira que le membre de la direction du parti (Si Affif, sans le nommer) a été invité à titre personnel et qu'il avait reçu le feu vert de la direction du parti pour y prendre part. Il fustigera ses adversaires qui font le lien entre la présence du FLN aux côtés de Ehud Barack, en martelant que son parti était contre la normalisation avec l'entité sioniste. “À ceux qui disent n'importe quoi, je leur dis : un peu de sérieux” ! Il reviendra sur le 9e congrès du parti, objet de toutes les critiques, en affirmant que ceux qui le critiquent présentement étaient présents pendant les travaux et avaient même présidé des commissions. Il tiendra l'assistance comme témoin, pour affirmer que personne, à cette époque, n'avait émis la moindre réserve. Pour lui, les problèmes ont commencé dès l'annonce de la composition du bureau politique du parti. Pour lui, tout ce qui se dit à ce sujet ne sont que de pures “balivernes”. Belkhadem invite ceux qui ont des idées à défendre à venir le faire au sein des instances du parti, mais refuse que l'on parle du choix des personnes. “Notre parti est grand pour qu'il tombe aussi bas. C'est un parti géant. Les articles de presse et les relations avec certains journalistes ne remplacent pas les bases partisanes”. Pour le secrétaire général du FLN, le parti risquait la cassure, avant le 9e congrès et les adversaires du parti voulaient en profiter. “Après le congrès, il n'y a plus de crainte pour le parti”, et de menacer les frondeurs, en agitant les lois et le règlement intérieur du parti. Tout en rappelant que le parti avait connu de nombreuses crises par le passé, Belkhadem dira que “beaucoup de personnes souhaitent la disparition ou l'affaiblissement du FLN, parce qu'elles pensent que tant que le FLN est là, elles ne peuvent pas parvenir au pouvoir”. Pour lui, le challenge réel du parti n'est pas avec ses militants, mais avec ses adversaires de l'extérieur qui veulent mettre le FLN au musée.