L'attachement aux postes de responsabilité conduit parfois à la violence. Certains cadres dirigeants, au niveau national comme au niveau local, ne se gênent plus pour employer la force. Kasmas saccagées, militants tabassés, responsables contestés. Le FLN est en pleine agitation. Depuis quelques semaines, il vit une situation convulsive qui nous rappelle l'«opération dobermans» qui avait enclenché le mouvement de redressement, en 2003, contre l'ancien secrétaire général destitué, Ali Benflis. Des responsables au parti, des sénateurs, des maires et des élus locaux descendent dans l'arène pour défendre leurs «intérêts et privilèges». Pour ce faire, ils n'hésitent pas à user des procédés les plus violents. Les rivalités et les désaccords tournent parfois au vinaigre. Ce qui s'est passé, il y a quelques jours, à Annaba illustre on ne peut mieux cet état d'esprit qui règne désormais au sein de l'ex-parti unique. L'attachement aux postes de responsabilité conduit parfois à la violence. Certains cadres dirigeants, au niveau national comme au niveau local, ne se gênent plus à employer la force des baïonnettes pour y rester. C'est ce qu'a tenté de faire le sénateur FLN, Mohamed Salah Zitouni, jeudi dernier à Annaba, après avoir perdu «sa» mouhafadha par décision de justice. Son statut de membre de la chambre haute du Parlement ne l'a pas empêché d'être dans le feu de l'action et de diriger une meute de jeunes contre le siège de la mouhafadha dans le but de déloger les «indus occupants». Ainsi, au FLN, la violence semble érigée en un véritable acte de militantisme. C'est le moyen le plus en vue des «militants», voire de «prestigieux» cadres dirigeants pour exprimer leur désaccord ou leur mécontentement. Cette lutte «fratricide», qui semble à ses débuts, a déjà fait couler le sang de quelques militants. Samedi dernier, la kasma de Hydra s'est transformée en champ de bataille entre deux «clans» rivaux. Le pire a été évité de justesse par l'intervention des services de l'ordre. Les affrontements qui ont secoué la paisible ville de Hydra se sont soldés par plusieurs blessés. Comme à Annaba et Alger, le renouvellement des instances régionales et locales du parti, dans d'autres wilayas, se fait à coups de poing. De Bouira à El Oued en passant par Oran, les séances dédiées à l'installation des nouveaux responsables des kasmas et des mouhafadhas tournent à la violence. Une violence qui déborde souvent sur la voie publique. Ces tiraillements, qui n'ont jamais quitté le parti depuis le mouvement de redressement de 2004, s'accentuent à l'approche des échéances électorales de 2012. La guerre des listes de candidatures semble déjà commencée, provoquant une situation explosive au sein du parti. Principal appareil du pouvoir, le FLN permet un accès rapide et facile au «pouvoir électif» qui ouvre la voie à toutes sortes de privilèges. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti depuis le 8e congrès, dit rassembleur, de 2005, a toujours considéré ces troubles comme «un signe de bonne santé» du FLN. Pour lui, les contestations et les affrontements entre militants n'expriment nullement un désaccord politique. Mais nombre de militants et de hauts cadres du parti estiment que le FLN traverse actuellement une «crise morale» qui nécessite un traitement «urgent». Il ne peut y avoir, selon eux, de renouvellement des instances du parti sans que les conditions soient réunies. Ils dénoncent par là même la cooptation, l'exclusion et une mainmise de Belkhadem sur le parti. Certains parmi les cadres du parti mènent actuellement un mouvement de redressement pour remettre le FLN sur les rails. Se sont ralliés à ce mouvement des ministres, des députés et des sénateurs. Y figurent aussi d'anciens collaborateurs de Belkhadem comme Saïd Bouhedja, ex-porte-parole du FLN. Ce mouvement va-t-il durer ? Sera-t-il appuyé et soutenu par d'autres cadres militants en désaccord avec la direction actuelle ? S'agit-il d'une contestation interne ou d'un mouvement politique plus global, en précision de probables futurs changements politiques ? Autant de questions qui méritent d'être posées tant le FLN, principal appareil du pouvoir, est au centre des luttes claniques.