Dimanche en huit, les Sud-Soudanais seront appelés à déterminer leur destinée en participant à un référendum où ils auront à se prononcer entre poursuivre le chemin de l´unité avec le Nord, ou entreprendre l´aventure de l´indépendance en préférant la sécession. En fait, plus personne ne se fait d´illusion quant au choix final des Sudistes. Même les Nordistes admettent aujourd´hui l´inéluctabilité du partage du plus grand pays du continent africain. Cinquante-cinq ans de malentendus entre le Nord et le Sud, ponctués de deux guerres civiles (1955-1972 et 1983-2005) ayant duré pas moins de 39 ans, ont marqué un pays qui n´a pas su, c´est le moins de le dire, exploiter ses différences pour en constituer le socle de son identité et un atout pour son développement. Il en a été fait autrement, puisque dès 1955 - un an avant l´indépendance en 1956 de l´ex-Soudan anglo-égyptien - Nordistes et Sudistes en venaient déjà aux mains faisant le choix des armes pour vider leur contentieux. La question n´est plus cependant de dire qui a eu tort ou raison, mais le constat est là: dès le premier jour de son indépendance, le Soudan était déjà mal parti et, il faut bien le relever, Nordistes et Sudistes n´ont pas fait grand-chose pour atténuer leur différends ou pour rapprocher leur vision de la manière de construire l´avenir de ce pays et de ses peuples. Bien au contraire, le fossé n´a cessé de s´élargir au long des années, saggravant du fait de l´incompréhension dont fit montre le Nord envers le Sud dans la gestion et l´administration du pays. Aucun enseignement ne fut donc tiré par les dirigeants soudanais nonobstant deux guerres civiles meurtrières, dont la deuxième a fait plus de deux millions de victimes. En 1977, alors que le pays venait juste de sortir d´une douloureuse belligérance, le pouvoir de Khartoum, sous la pression des islamistes de Hassan Tourabi, instaura la chariâ. L´absurde est ainsi atteint dans un pays que se partagent musulmans, chrétiens et animistes (religion traditionnelle africaine). L´entrée en vigueur en 1983 de la loi islamique mit le feu aux poudres engageant le pays dans une nouvelle guerre qui durera 22 ans. L´accord de paix global (CPA, ou Accord de Naivasha) signé le 31 décembre 2004 entre le gouvernement et la rébellion sud-soudanaise, dirigée par le Splm) s´il mit fin à la guerre, ouvrait également la voie à la possible séparation du Nord et du Sud par l´organisation d´un référendum prévu en 2005. Le terme du choix est donc arrivé six ans après la mise en application du CPA. Khartoum avait six ans pour réparer les dégâts causés par une gestion catastrophique et irrationnelle du pays. Six ans restaient toutefois insuffisants pour panser les plaies, réparer ce qui pouvait l´être, apurer les relations entre la religion et l´Etat, clarifier le partage du pouvoir et des richesses, comme de donner au Sud plus de visibilité dans la gestion de l´Etat. Cela n´a pas été fait à l´évidence, donnant aux Sudistes d´en tirer les concluions et les conséquences qui ne pouvaient, dès lors, être que la séparation. Le gâchis soudanais est à l´image d´une Afrique qui n´a jamais su se prendre en charge, même si le découpage fantaisiste du continent noir par les puissances coloniales, notamment anglaise et française, a laissé des traces et plaies indélébiles dont les Africains en paient chaque jour le prix fort. Les guerres en Somalie, en RD du Congo, les conflits latents au Zimbabwe, à Madagascar, la menace de guerre civile en Côte d´Ivoire en sont l´illustration la plus cruelle et autant de cadeaux empoisonnés laissés derrière eux par les Français et les Anglais. Mais, est-il encore temps de faire le procès de la colonisation quand il fallait créer les conditions de la cohabitation pour préserver la stabilité des pays africains et donner à leur économie de décoller? A l´évidence les priorités étaient ailleurs avec toutes les retombées négatives qu´essuie l´Afrique...