Ses différentes localités ont connu une activité et une ambiance des plus ordinaires. L'appel à la grève générale lancé par la coordination interwilayas en appui à la marche des délégués, prévue le même jour à Alger, n'a pas eu l'écho escompté. Les différentes localités de la Basse Kabylie ont connu une activité et une ambiance des plus ordinaires. Les citoyens n'étaient visiblement pas préoccupés et vaquaient normalement à leurs occupations dans une indifférence totale. Hier, aucun signe dénotant une quelconque contestation n'était visible chez l'homme de la rue. Autant chez les commerçants que chez le simple citoyen, la surprise était vraiment de taille lorsqu'ils sont interrogés sur le boycott de l'action de protestation du jour. Certains s'étaient même montrés surpris d'apprendre qu'une marche de délégués se tenait à Alger. Signalons, toutefois, quelques débrayages observés par les travailleurs de l'éducation dans certains établissements scolaires, à l'origine desquels on retrouve l'éternel problème de la perception des salaires du mois en cours. C'était notamment le cas à Akfadou où les travailleurs sont entrés en grève à 10h dès qu'ils se sont assurés du non-paiement du salaire du mois de décembre. Encore une fois, la population de Kabylie s'est montrée «non concernée» par la protestation de la rue. Cette énième défection dénote, si besoin est, le rejet de la radicalisation comme moyen de lutte. Du coup, on assiste de nouveau à l'installation d'un climat de doute. L'interrogation, qui revient très souvent, réside en fait «dans le déphasage qui existerait entre la population et ceux qui la représentent», relevaient hier beaucoup d'observateurs qui n'hésitaient pas à déclarer que «l'heure est à la remise en cause». En se démarquant d'une action, pourtant facile à entreprendre, car nécessitant peu de moyens, les citoyens de Kabylie veulent signifier à qui de droit que «les fractures internes, les manipulations et les tentatives de récupération d'un combat aussi noble ne sont pas à leur goût». Les erreurs successives ont fait qu'aujourd'hui, les ârchs, qui étaient rassembleurs, sont devenus une partie comme une autre sur la scène politique nationale. «Les jusqu'au-boutistes, qui s'alignent avec le mouvement sur les positions des autonomistes et du RCD, sont à l'origine de tous les maux du mouvement citoyen», disait hier cet homme averti. Subtilement et avec une grande intelligence, le simple citoyen exprime son mécontentement devant la tournure radicale que prennent les événements en Kabylie. En fin de compte, la Kabylie est-elle réellement contre le dialogue?