Les deux premières journées de ce forum se sont déroulées comme prévu. Placées sous le patronage de Mme la ministre de la Culture et de la Communication, en collaboration avec l'Unesco, les premières assises du livre ont été ouvertes, mercredi dernier par Mme Khalida Toumi. Les travaux de ce séminaire dont la clôture est prévue pour le 18 de ce mois, se poursuivent aujourd'hui à la Bibliothèque nationale du Hamma. Organisées par le Syndicat professionnel du livre (SPL), en partenariat avec l'Association des libraires algériens (Aslia) et l'Office national des droits d'auteur (Onda), ces assises veulent passer en revue l'ensemble des handicaps et problèmes qui pénalisent la production du livre en Algérie. A souligner que ces assises visent à relancer le débat autour de la question du livre. Cela par la sensibilisation des professionnels du livre de même que mettre les décideurs face à «l'importance de l'adaptation d'une politique du livre chez nous». Traiter, décortiquer, cerner, mais surtout proposer telle est la stratégie de ces assises. Pour y arriver, il faut traiter le livre sous tous ses aspects. C'est pour cette raison que le forum du livre a réparti son travail en cinq ateliers principaux: le premier évoquera l'importation, la distribution, la librairie, le second traitera de cet endroit où se détendent les esprits qu'est la bibliothèque. Le troisième atelier prend en charge l'apprenti lecteur, celui de l'édition et de l'impression. Enfin, une réunion consacrée à la création clôturera ces assises qui ne veulent laisser aucun aspect de la problématique du livre dans l'ombre. L'importation, la distribution, la librairie, la bibliothèque et la lecture ont été au centre des débats les deux premiers jours de ces assises. L'ensemble des orateurs, chacun dans son domaine, devaient exposer les difficultés auxquelles est confronté le secteur faisant ainsi l'objet de ces études. M.Hadj Sadok, vice-président du Syndicat des professionnels du livre, qui mettra en exergue le problème récurrent induit par les tarifs douaniers, n'hésitera pas à associer le livre aux produits de consommation importés. Dans la perspective de soulager le secteur, l'intervenant propose l'exonération d'impôts du livre importé, d'autant que la taxe douanière a été fixée à 15%, par la loi de finances 2002. Sid-Ali Sekheri, vice-président de l'association des libraires, estime que la solution serait, selon lui, l'adhésion de l'Algérie aux accords de Florence, un texte que «même les pays qui ne possèdent pas de politique du livre, n'ont pas hésité à signer». En second lieu, il suggère aux opérateurs d'adapter à l'Algérie «la loi de Lang». Une loi, appliquée en France qui impose un prix unique du livre sur l'ensemble du territoire. Quant à la deuxième journée, Mme Djennas, conseillère de Mme la ministre de la Communication et de la Culture, dans sa prise de parole, admet que la situation du livre est critique du fait, selon elle, de «ministres interchangeables qui n'ont pas le temps de mettre en application leurs projets, en plus d'un régime fiscal trop élevé dans le domaine culturel qui font que le livre est inaccessible à tous chez nous». L'intervention d'une participante, Mme Djellouli, va susciter le mécontentement des éditeurs puisqu'elle n'hésitera pas à dire que «les éditeurs, chez nous, ne travaillent pas assez. D'ailleurs il n'y a qu'à voir la qualité des livres sur le marché». «C'est bien de faire des remarques, mais faut-il encore qu'elles soient justifiées», dira une éditrice sans doute vexée par les propos de l'intervenante. Le volet bibliothèque a été abordé par Amine Zaoui récemment nommé directeur de la BN de Hamma, qui tentera de donner un aperçu des préoccupations qui sont celles de la BN. Deux idées intéressantes sont avancées par M.Bendaoud (Association AD Fraters) Tlemcen. Celui-ci propose la création du prix du meilleur jeune lecteur, de même que des campagnes pour la promotion du livre, comme celle réalisée à Tlemcen dont le slogan était: «Parachutez le livre, c'est de l'humanitaire». Une campagne qui, selon ce dernier, a porté ses fruits. La deuxième journée s'est achevée avec l'intervention de M.Sabata qui a lancé un appel pour intégrer les mal-voyants au monde d'aujourd'hui, en mettant à leur disposition une «bibliothèque sonore». Il dira: «Pensez à nous et prêtez-nous votre voix.» Aujourd'hui aura lieu, théoriquement, la dernière journée de ces assises qui seront clôturées officiellement mercredi prochain. Toutefois il semble qu'il faille attendre les conclusions des ateliers pour dire si ces assises vont apporter les changements attendus par les professionnels du livre notamment la perspective d'une véritable politique du livre qui donnera, enfin, à ce secteur la dimension dont il a si longtemps été privé.