Ils ne sont guère choyés par la législation. «Les chiens aboient, la caravane passe», tel est l'adage qui décrit le mieux la situation que vivent les syndicats autonomes à l'heure des réformes et privatisations tous azimuts. Ces derniers n'hésitent pas à accuser le doyen des syndicats, l'Ugta, de faire de la figuration, voire dans le syndicalisme de complaisance pour mieux faire avaler la pilule qu'induit le train des privatisations. Le secrétaire général de la Centrale syndicale lui rétorque qu'il n'est pas nécessaire de faire dans l'invective et la vocifération pour se faire entendre. Il n'empêche que les organisations syndicales indépendantes n'ont jusque là jamais été associées aux différentes rencontres en vue de trouver une alternative pour sauver le secteur public . D'ou leur absence officielle du débat national qui agite la sphère économique et sociale. C'est que les syndicats autonomes, comme le reconnaissent leurs représentants, ne sont guère choyés par la législation, d'autant que la tendance va vers une restriction plus prononcée des libertés syndicales, comme déjà annoncé par le ministre et non moins ex-syndicaliste M.Tayeb Louh. Il est donc évident que les syndicats autonomes sont loin d'avoir une quelconque force de proposition. Ils se heurtent encore contre le mur de l'establishment syndical. Pourtant la loi 90-14 du 2 juin 1990 relative aux modalités de l'exercice du droit syndical, modifiée et complétée par la loi n°96-12 du 10 juin 1990 a permis, depuis 1990, la création de plusieurs syndicats autonomes, dans tous les secteurs d'activité, y compris l'administration dont le Snapap syndicat autonome des personnels de l'administration publique se veut le représentant attitré. Or et comme le relèvent ces organisations, seuls les syndicats affiliés à l'Ugta sont considérés comme interlocuteurs dans les négociations tripartites. Devant cet état de fait l'on n'hésite pas à trouver refuge chez les instances internationales telles que le BIT pour dénoncer une «législation sur mesure pour l'Ugta» conçue dans son ensemble à restreindre les possibilités de création d'une confédération représentative qui puisse concurrencer l'Ugta. Néanmoins et dans les limites de leurs moyens, les organisations syndicales autonomes disent s'opposer en bloc aux réformes. Pour les pouvoirs publics, les entraves à la constitution d'une confédération syndicale, le favoritisme à l'égard d'une organisation syndicale et tout harcèlement antisyndical, ne sont que pures allégations.